Monday, January 30, 2006

encore

photo Corinne Alexandre
te revoilà
sans cesse
tournée
vers moi
tu cherches
inlassable
téteuse
tu t'empresses
doucement
et tu bois
moi
à force
de nous tourner
l'une
vers l'autre
toujours
il va
être
difficile
de
ne
pas
nous
rencontrer
pour de vrai

sous le pull

photo Corinne Alexandre

pas besoin d'allumer
ni d'éteindre d'ailleurs

sous mon pull
le soleil
de mon bébé
est clair obscur

très sombre
pour commencer
le vois-tu
mon bébé?
le sens-tu?
tu l'accroches
le griffes
le goûtes
le mâchouilles
et
tu t'endors dessus

peu à peu
il blanchit
le repère
rétrécit

sous mon pull
ni vu ni connu
la grande aréole
s'envole
et rend sa place
à mademoiselle
l'aréole rikiki

cependant

mademoiselle
l'aréole
n'est plus
une vraie demoiselle

elle est
comme qui dirait
vrillée
froncée
se resserre
si elle est en froid

se détend
s'il fait chaud

et moi
je regarde
ma bébée
téter
telle un tournesol

même les yeux fermés


un de mes grands m'a dit ce matin que je sentais le lait

mes enfants
faits de lait
ont en eux cette odeur

donnez-leur des solides
ou un autre lait
votre odeur quitte leur corps

redonnez-leur
à nouveau
uniquement
votre lait

votre odeur
à nouveau
émane
de
tous
leurs
pores

Saturday, January 21, 2006

instantané

attrappé

tu as déjà bougé

tu prends ta place

tu changes

sans cesse

de place

de posture

d'altitude

d'attitude

d'activité

d'intérêt

de tonicité

sur moi

sur lui

sur elle

sur nous, quoi...

Friday, January 20, 2006

ta place

accoudée au comptoir

soupe et photo de Sandrine Fraikin
lait et bébé faits maison
à mon bébé nouveau
beau joli lait nouveau
à maman poivre et sel
soupe chaude
présent - présence
d'une amie

milk bar dans le noir

.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.

Wednesday, January 18, 2006

milk bar dans l'herbe

milk bar

une carte d'elle

une carte
écrite
manuscrite
par la poste
par-dessus l'océan

oui!

je l'ouvre

elles sont là: petites lettres rondes
je vous connais par coeur

vous m'avez fait réviser tant de notions auxquelles j'étais quasi imperméable
je retenais péniblement les mots que vous formiez

aujourd'hui
il me reste
le plaisir
de vous lire

mots écrits soigneusement à la main par l'amie
qui me laissait photocopier ses cours
car les miens étaient bien trop fouillis
trop fouillis trop fouillis trop fouillis trop fouillis trop fouillis...

une chute

une sortie
un envol

que sais-je

j'aime les romans

qui

par belle
ou
par laide

vous proposent
en passant

un tournant dramatique

par une fenêtre

pour entrer
pour sortir

qu'importe

le lieu est peu commun

il demande un élan
vers le plein
vers le vide
vers quelqu'un
une envie
un projet
un oubli
un besoin
un désir

appel
d'air

ou
de
rien

enjambez
gaiement
ces fenêtres

dans la tête

joyau

espace vert
au centre
un joyau
de brique et de bois
de verre
qu'on ne voit pas
en venant par devant

contourner

cette masse
dessinée
est ouverte
- en fait -

d'abord
tourner autour
jusqu'à trouver
l'entrée

une petite porte

aux mesures
des premiers
occupants
de ce lieu



porte ouverte
passée
entrez

la lumière se glisse
jusqu'à vous
des côtés

caresse les tapis
les fauteuils

et contourne vos pieds

laissez-vous guider
imaginez

oui

il aurait pu
vous dessiner

non pas un mouton

mais une maison

FLW

pour que vous puissiez
vous Y habiter

fenêtre

elle s'ouvre
se ferme
s'entrouvre
cogne dans le vent

la fenêtre
changeante
qui
va de toi à moi

prudente

je marche à tâtons

j'ai peur
qu'il ne fasse froid
dans ton regard
pour moi

j'ai peur
que ton visage
ne soit
fermé pour moi

que tu ne me laisses
sur le rebord
de la fenêtre
de ton regard

qui n'est pas là pour moi

pour qui est-il?

veux-tu ouvrir
un jour
pour moi
cette fenêtre

ou

continueras-tu
à faire semblant
et à te persuader
que le semblant
c'est presque vrai

qu'attends-tu
de moi, ton enfant,
à part qu'il attende
une chaleur de toi

et si cette chaleur
personne
personne
personne
ne te l'a donnée

non
tu ne dois pas t'inquiéter

mais tu peux

la trouver

si tu cherches

Saturday, January 14, 2006

tu freines dans la descente

tu freines
prudente

attaquant
la descente

tu passes
au-dessus
de mon épaule
et attaques
vaillante

la glissade
le long de mon dos

tes tout petits orteils
accomplissent leur boulot

distribution alléatoire

le hasard a voulu
que j'arrive

petite fille
voulue

dévolue
à
l'improbable
réalisation

de projets

qui n'étaient
pas les miens
et auxquels
je ne comprends
à peu près rien

qui me font
me sentir
souvent
inadéquate

comment être
adéquate

lorsque les projets
sont inappropriés

?

être décalée
ouf!
- respirer -

cache-cache

sur mon dos
dans un pagne

tu joues à cache-cache

je ne te vois pas

petit regard complice
lancé à une personne
d'un côté

et de l'autre?

tu te retournes
vers l'autre
côté

éclates de rire

qu'as-tu échangé
avec ces personnes?

je ne sais pas

pas vu
pas pu


juste senti
que c'était bon

que c'est TA vie

Friday, January 13, 2006

bisou

photo Sandrine Fraikin

je ne sais pas encore très bien qui tu es

et

je cherche

jour après jour

à te connaître

je me fais à nouveau

au corps

d'un nouveau-né

c'est toi

chevelue

longue

pommettes hautes

yeux bridés

surprenants

yeux

- je t'ai crue trisomique -

regard rieur

---

j'ai lu trop de bouquins

et me demande

si nous avons pris le temps

de nous imprégner

l'une de l'autre

à ta naissance

notre naissance

non, mes yeux n'ont pas plongé dans les tiens

je t'ai plongée dans mon peignoir

et

nous avons migré

vers un lieu

de repos

toi

qui n'es pas née

dans ma chambre


rendez-vous

photo Corinne Alexandre
j'ai rendez-vous
avec toi
avec moi
nous
eux
elles

suspense

viendras-tu le jour dit?
en retard?
vraiment tard?

gagné...

quinze jours en retard
tu es là

au beau milieu de l'été

un jour
précédé
et
suivi
de semaines
passées en famille

dans notre maison

tu t'es glissée

c'est votre dernier?

sept?

quelle horreur!!!


sept?

heureuse femme!!!


sept?

c'est mon compte

c'est ton compte



en actions

émotions



cette année

ma fille

ma fille
n'est plus ma fille
mais me première fille

car

une nouvelle petite fille
est arrivée

avant cette arrivée

j'ai
heureusement
compris

combien

j'avais

regardé

ma fille

comme

on regarde souvent

les filles

j'ai rangé mon regard

j'en ai sorti un autre

ma fille

ma fille chérie

est jolie

je souhaite respecter ses goûts

pour s'habiller

respecter ses envies

son ressenti

l'encourager

sur les chemins

qu'elle souhaîte explorer

car cela

c'est SA vie

si elle est mienne

je souhaîte

que ce soit

par

mes massages

ma façon de démêler ses cheveux

et pas par ma façon

paumée

de me chercher

de me battre

indéfiniment

contre des moulins à vent

heureusement

ma fille

ma jolie fille

pose le pied au sol comme une africaine

elle a le rythme dans le sang

elle habite son corps

elle écoute et exprime

ce qu'elle ressent

quand elle le souhaîte

sans crainte

de représailles

ou

de nous blesser

nous

ses parents

grand frère



mon grand frère

m'emmène faire pipi

au-dessus du lavabo

et

fait avec moi

le signe

"pipi"

en langue des signes américaine



je me marre!

s'il croit que je vais prévenir

chaque fois

il se gourre

mais je crois qu'il commence

à se débrouiller

avec

mes signaux

quand je me tortille

ou bien que je grogne

avec le timing

et aussi l'intuition

et puis

bien sûr

s'il m'emmène

me promener

à proximité du lavabo

il doit s'attendre

à ce que

cela suscite

chez moi

une petite envie

de faire

un petit pipi!!!

oh! comme elle est éveillée!!!

oui

elle est en contact

presque continu avec moi ou un autre membre de notre famille

j'ai l'immense joie de l'élever tout en étant entourée

un peu plus entourée

par nos grands

à chaque nouveau bébé

tandis que se retire

l'entourage

un peu perdu

qui observe

notre façon

d'élever les enfants.

Nos petits bénéficient

un peu

d'un entourage élargi

vivant

avec lequel

je ne dois pas me cacher

pour pratiquer l'hygiène naturelle

ou

moucher mon bébé

à l'africaine

(un petit coup

d'aspiration

avec ma bouche

et je recrache)



il faut tellement

tellement de temps

pour apprendre

à faire

les choses

très simplement!

heureusement

nous avons

un peu de temps

pour jouir

de

chaque

instant

présent

langage du corps

je sais
c'est en mémoire

les mots

"tu sais bien qu'on t'aime"
"on a tout fait pour toi"
"tu ne manques de rien"

moi

perdue

mon corps

n'a pas reçu

de message

correspondant

pour corroborer

cette hypothèse

avec laquelle

je suis

pourtant

prête à travailler

et

perdue

dans la nuit

dans les jours

la petite fille en moi

cherche

cherche

son papa

sa maman

n'en peut plus de chercher

un simple message

mettant en jeu

quelques synapses

au lieu

d'un néocortex

qui n'y comprend de toute façon plus rien

Wednesday, January 11, 2006

de part en part

traversé
de vagues
de flux

de froids
et
de chaleurs

mon corps
vague
vogue

vibre
existe

au fil des bébés
dont il est
la demeure

le perchoir
la mangeoire

un pont pour
s'envoler

ce qu'ils savent
qu'ils peuvent
y trouver

ils viennent
le (re) chercher

existais-je avant?
oui
- sans doute -

tout était différent

je n'étais pas sur terre
pas dans moi

leur père
et mes enfants
ont fait de moi

une personne
sur terre

qui cherche

je ne désespère pas
d'y voir clair
un jour,
peut-être...

c'est gai

Sunday, January 08, 2006

bouger




voyager
avec un enfant

est une chose sage

qui vous réserve
des surprises
au passage

un sourire


l'accompagnement

d'une grossesse

d'une naissance

par des personnes

qui savent sourire

est un bienfait

pour toute la vie

de cet enfant

précieux

qui arrive

et

dans ce que l'on fait

le plus important

c'est la façon

qu'on a

de le faire

mon ballon

mon ballon
dans sa housse
faite maison

était prêt si jamais
je souhaitais
l'employer

pour accoucher

je m'en vais
l'employer

pour plein de
non-accouchements

on ne sait jamais
les découvertes

que demain
nous réserve

1

2

3

bain



moi dans l'eau

toi dans l'eau

dans moi

tu me diras quand tu seras prête?

je suis prête

si c'est le bon jour

viens

si c'est une fausse alerte

t'inquiète

je suis bien

rien à voir




accoucher

avec ou sans

lumière

?



la sérénité au fond de moi
est bien plus importante que la lumière

je n'ai pas besoin de lumière
je n'en ai pas envie non plus

je reste centrée

tout au fond de moi

branchée sur ce qui fait que je suis moi

les sensations que j'aime le plus au monde

non

n'allumez pas trop fort
ne me parlez pas

ne me faites pas changer de position

je changerai bien, moi

je le sentirai

mon bébé me dira

où aller

comment

me tenir

me pencher

m'accrocher



et si je perds pied

soyez là

mais

dans la brèche

ne vous engoufrez pas

colmatez

dites-moi

"oui"

que je sente

que vous êtes là

paisibles

attentifs

ne me brusquez pas

ce que vous me faites à moi

vous le faites à mon bébé

malgré les apparences

nous sommes encore ensemble

pour un petit bout de chemin

l'un en l'autre

connectés



alors

merci

n'allumez pas

messages capillaires

Quand j'avais 12 ans moi aussi
la même chevelure
ma prof de maths
passait près de moi
et elle me massait
malaxait
tortillait
les cheveux
en tous sens.
Je ne sais pas comment c'est venu
nous n'en avons
jamais
parlé
mais c'était bon!!!

grande soeur

lieu de passage

mon nez dans tes cheveux

je puise
ta chaleur

ton odeur

toute ta présence
s'engoufre
pour
descendre
dans mon corps

et

jusqu'au bout de mes doigts
jusqu'au bout de mon être

tu es en moi

Saturday, January 07, 2006

moi veux ta peau ma peau toucher



merci M. Laurent Voulzy

7, c'est la fête!!!

garçon

fille

garçon

garçon

garçon

garçon

fille!!!

tu n'as pas encore de nom

dans les bras

les fausses alertes pour la naissance de ce bébé
m'ont beaucoup aidée

nous avons répété

les glaçons délicieux dans le congélateur (au thé, au jus, à ce que j'aime!!!)
les petits plats à grignoter tandis que je "trempe" dans l'eau
les massages aux chevilles, aux pieds, sur les points sensibles
pour soutenir les contractions
un tissu indien devant moi à la fenêtre
la musique que j'aime à fond (à fond comme j'aime)
un éclairage agréable, avec ombres et lumières

- les petits faisaient "boîte de nuit " à mes côtés
les grands alloaient et venaient
ma grande fille s'est assise près de moi
j'étais heureuse de partager ces moments avec elle

et

la photo

devant moi, la photo

Nina est là, dans son ancien jardin
nous ramassons peut-être des oeufs dans le jardin
- je ne sais pas -
quel âge ai-je sur cette photo?
presqu'un an je crois
c'est le printemps

son regard est sur moi et je suis dans ses bras

sur cette photo, je me suis concentrée

plusieurs fois

et le jour J, je l'avais complètement intégrée
elle était en moi
plus besoin de l'accrocher au mur
oh non

dans ma tête, Nina
tu me portes depuis si longtemps
et
dans mes contractions aussi
tu me portais

je savais très bien
que tu étais partie
que je n'étais plus cette toute petite fille

mais quand-même...

tu étais là
j'étais dans tes bras
mes contractions étaient là
le bain chaud
le robinet
auquel je m'accrochais
le mur
sur lequel j'appuyais mon front
et que je respirais

l'huile de bain au parfum vert et frais
le pommeau de douche chaud sur le bas de mon dos

entre les contractions, je souriais
je lâchais tout, tête, épaules
joues

au début
je me suis massé le visage
front
sourcils
paupières
nez joues
grande bouche
tour d'oreille
lobes d'oreille
et
menton

une contraction

j'inspire: je passe dans ma tête le prénom de V.
j'expire: le prénom de P.
j'inspire: le prénom d'A.
j'expire: le prénom de Na.
j'inspire: le prénom de J.
j'expire: le prénom de Ni.

(j'ai alors six enfants dont je connais le nom)

trois fois

puis sourire
lâcher tout

et, pendant que je lâche tout
mon grand-père tourne autour de nous
tenant un parapluie qu'il fait tourner au-dessus de lui

je danse sur le rock à fond, toujours dans les bras de Nina

que ce moment est doux

pour la première fois,
je vis une naissance sans me rebeller
je veux être là où je suis

avec Nina

Nina
qui a accouché deux fois
à l'hôpital
- il y a bien longtemps -
puis plein de fois à la maison

Nina qui a fait un choix
que j'ai refait longtemps après

il a suffi d'une discussion


Nina
j'ai dans ma chambre une lingère
qui était dans ta chambre lorsque tu accouchais

j'aime
m'arrêter devant cette lingère
un bébé - ou deux... - sur moi

les bébés continuent à naître, Nina
je n'ai pas tous pu te les présenter
mais
l'amour que tu m'as offert
je le leur donne
c'est une joie

grand-mère
à l'écoute
de petits enfants
si variés...

j'aime ta présence

transsensorialité

Je me suis surprise
à sentir
ce parfum
lavande-citron
que JoAnn utilisait
dans l'huile
pour me masser

et

c'était comme si j'y étais
sur la table
dans ce petit cabinet
clair
chauffé
entourée de coussins de balles de sarrasin
avec mon gros ventre chaud

et JoAnn me massait

ah! les bonnes choses ne finissent jamais de faire du bien!!!

Friday, January 06, 2006

Aimer
être mère

s'étonner chaque jour
de ce qu'ils savent faire

un signe de la main pour dire "je fais pipi!" à presque 5 mois

un massage à maman pendant qu'elle à des contractions dans la bain à dix ans

et... un pain qui croustille, fait à la main...

proposer des jeux pour la veillée en famille

trouver ce petit siège qui est impeccable pour aller devant le grand, pour un massage assis,lorsque l'envie nous vient...

les courses, à pied, toi et moi, le bébé et les enfants qui ont envie de nous accompagner

parler de tout et de rien

être là, dans ce jour qui se déroule sous nos pas

qui ne doit pas nécessairement être stressant

qui est autrement, plein d'humour, avec toi qui aimes être papa



Pourquoi tout ceci?

Pour aller au-delà d'une division intérieure
Inventer une famille
Me reconnecter à ce que je ressens
Et puis vivre

j'apprends

Ne pas prévoir

Bébé est là, bien là.
Mon manuscrit est enfin envoyé...

ce qui me revient en tête après cette naissance, il y a bientôt 5 mois?


ne pas prévoir


quand
comment

laisser naître ce bébé

comment vais-je me positionner?

je le sentirai à ce moment-là

veiller à laisser grand ouvert le champ des possibilités
entre chambre et salle de bains
entre la solitude et la présence des enfants, à côté de moi

lorsque l'on fait l'amour, est ce que l'on prévoit d'avoir des spectateurs-déconcentreurs qui entrent et sortent de la pièce tandis que se joue la rencontre avec un être cher?

qui invite-t-on à cette fête?

des personnes discrètes

chères

douces

qui apportent un soutien

et leur compétence

la manière d'être (de ne pas être) là est primordiale.