Saturday, January 26, 2008

vider la maison

c'était il y a deux ans

nous avions rendez-vous
nous
les petits-enfants

pour vider la maison
de nos grands-parents

j'ai choisi des édredons
sous lesquels j'avais bien dormi

des petits foulards en soie
que j'avais tant vus
au cou de ma grand-mère

une petite sacoche
avec,
dedans
un mouchoir en papier
qui portait encore
la marque de son rouge à lèvres
lorsqu'elle les pinçait
après s'être maquillée

j'avais redouté ce moment
finalement, il fut bon
gai
vivant

chaque chose repartait
reprenait du service
s'en allait en voyage
sur un nouveau chemin

les grandes marmites
dans une famille nombreuse
(on se demande bien laquelle)
et les petites casserolles
dans une famille à deux enfants

j'ai même éclaté de rire
lorsque ma cousine m'a proposé
ces casserolles qui, chez nous,
ne permettraient de cuire que de la sauce
pour notre régiment
tellement elles étaient petites
aussi petites que celles que j'utilisais
dans ma chambre d'étudiante
pour manger seule ou avec quelqu'un

(ah zut, shut! je n'étais pas sensée manger avec quelqu'un
dans cette chambre-là
je sens que je vais décevoir quelqu'un...
mais peut-être qu'il s'y fera
- et il n'a plus le choix! -
quand on a une fille
ce n'est pas pour la maintenir sous cloche!!!)

ah!
vider la maison

vaste projet que celui-là
difficile après un décès, un départ, un arrêt
difficile aussi lorsqu'on est tous bien là
que la vie continue
mais que l'ordre, la raison, l'organisation
défient la raison


vider
quel sens cela a-t-il?
sortir des objets qui mangent de la place
pour les faire rentrer peu de temps après
et avoir l'impression d'avoir accompli un travail
brasser de l'air
c'est tellement important
on se sent bien vivant
mais qu'est-ce que l'on fait?

vider
compter
transférer
redistribuer
soupeser
élaguer

faire du vide autour
ordonner avec soin les outils essentiels
pour la vie quotidienne
nourriture spirituelle
tout ce qui a un sens
pour aller où l'on va


compter les accessoires
en vérifier la liste
les ranger dans les malles
entre deux représentations

panser ses plaies
regarder ce qui bouge
quand il n'y a plus d'action

voir ce qui bouge bien
vraiment bien
ce qui donne envie de bouger
tellement c'est joli quand ça bouge

- et lire les petits mails qui, la nuit, tombent, remplis de lumière !

Friday, January 11, 2008

recherche

pistes
informations
comme ici
http://www.arte.tv/fr/connaissance-decouverte/hippocrate/1025382.html
infos
comme mardi 15 janvier à 21h: soirée Thema sur Arte

détente
et
tension


vont et viennent

traitement radical
contre la crainte du jugement d'autrui
avancer, surtout
avancer
et sortir d'ici

au-delà du bien et du mal
la paix
existe peut-être

l'énergie
est là
voisine
du manque de sommeil

les réponses
aux enfants
me sortent
vives
fortes

là où ils attendent
des câlins

je ferme plus facilement
le bouton
de mes pantalons
avantage
de la perte d'appétit
(s'il en est)


c'est par où la sortie?
un paquet d'aller-simples
s'il vous plaît


de l'air

de l'air

de l'air

Thursday, January 03, 2008

sur le bas-côté

au printemps
nous nous sommes fait refaire
des lunettes
toi et moi

finies ces années
sans paire
sans rien
vieilles paires cassées
où il n'y avait
pas le temps
ni
la possibilité
de les remplacer

sans voiture
je n'avais plus trop
besoin de lunettes

(mais si, quand-même,
mais la gestion
du manque
passe par de ces argumentations
internes!)

qui m'étaient principalement utiles pour conduire
et lire les plaques
de loin
en chemin

mais en rue
tout de même
mes lunettes me manquaient

alors
au printemps
nous sommes allés
- enfin -
nous faire refaire
des lunettes

depuis...
trois paires me permettent
d'en avoir
en permanence
une localisée
aux branches non brutalisées
par des petites mains

je revois de loin
et
j'en reviens...

à présent
je recule pour voir
là où je suis
car ma vision de près
n'était pas trop au point
comme un peintre recule

besoin de temps
surtout
besoin de coeur
de beaucoup
de patience
pour contempler
qui j'aime
et qui
souffre
tout près de moi

mystère camionette

il y a
quelque part
entre chez nous et Paris

notre camionette

nous l'avions achetée il y a deux ans et demi
une réplique de la précédente
une occasion

las!
elle est tombée en panne
après quelques mois seulement
hors frontières
et elle y est toujours

frais de rapatriement
résolument
hors de notre portée

la belle tient-elle encore?
serait-elle réparable?

il nous faut enquêter
et
tirer au clair
cette histoire

Wednesday, January 02, 2008

être voisin

derrière notre maison
il y a une petite cour
il y a un petit jardin
et derrière le jardin
il y a une annexe

dans laquelle
se rangent
nos rêves
cassés
ou entassés

des livres que l'on aime
des meubles à évacuer

des bouts d'un peu tout
en désordre
à ordonner

boîtes
de prépas
de cours
que je ne donnerai
peut-être plus jamais

textes d'auteurs
allemands
et autres
poèmes
quelques rayons
pondus par des auteurs de théâtre
etcaetera
etcaetera

il y a du rangement
à faire
dans la cour
le jardin

une table de ping-pong
qui a besoin
d'être remontée

du bric-à-brac à évacuer
histoire
que monsieur notre voisin
nous dise
un jour
à nouveau
"bonjour!" en souriant
comme il le faisait autrefois

il y a du rangement à faire
dans l'annexe

pour évacuer
trier
pousser les choses
remettre de la chaleur
préparer un espace
pour un boys band
que je connais bien
et qui veut se mêler
de faire du métal

pour des répétitions
de théâtre

pour des pinceaux
en mal de peinture
peut-être
(qui sait?)

il y a ces livres
en mal de bibliothèque
en mal d'être feuilletés
du fond d'un lit douillet
ou bien sur une plage

il y a cette attente
de nos rêves
qui sont là
un peu oubliés
qui attendent
à moitié endormis
que nous soyons
enfin
prêts

à être clairs avec nous-mêmes
avec monsieur notre voisin
avec les enfants

être notre voisin
n'est pas une histoire simple
on entend des enfants
s'exprimer
tantôt d'une façon relevée
tantôt comme des charretiers
(ils ont développé de vastes compétences!)
sans oublier un écho de naissances
et puis, étonamment, pas beaucoup de pleurs de bébés
bizarre bizarre d'être notre voisin!!!

le tout est de remonter ses manches
de faire un pas, deux pas
de reprendre la route
du dehors
de l'air

ce chemin qui nous sépare
de qui nous sommes

reste à construire de nos mains
une bibliothèque qui dise
aux livres que l'on aime
"venez habiter avec nous, ici
nous avons envie que vous soyez là avec nous
venez vous faire feuilleter par nos enfants
après avoir été feuilletés par nous"

il y a un moment
où l'on peut
peut-être
cesser d'être
juste
à côté de soi-même

pour entrer
finalement
dans le vif du sujet
et être pleinement soi

juste soi
en équilibre
ou dans un état voisin