Tuesday, August 20, 2013
La
mystérieuse
envie
d'être
ta maman
fut une évidence
lorsque j'eus 14 ans
avant ça, j'ai cru que j'allais entrer au couvent - une évidence -
comme une habitude
(je crois que j'y ai passé quelques vies, avant)
mais
dans cette vie, il y eut une plus grande évidence
être ta maman
toi
tu serais
multiple
tu serais nombreux
pourquoi?
(on me demande souvent pourquoi
et toi aussi
tu te le demandes)
est-ce en moi
consciemment
ou
dans mon inconscient
que résident les raisons de votre venue?
je sais que je t'ai désiré
longtemps avant que tu sois là
et le petit pull rayé multicolore
que vous avez tous porté
a été tricoté par moi
longtemps avant que le premier arrivé
n'ait pointé le bout de son nez
c'était un désir fort
dévorant
comme si je m'étais retenue de faire des enfants
pendant de nombreuses vies
pour vous accueillir
en celle-ci,
passionnément
sache que je ne te verrai jamais comme un ennemi
j'ai joué à ce jeu avant
mon propre père m'a prise pour son ennemie
il a cru que mes moindres faits et gestes s'adressaient à lui
se dressaient contre lui
grâce à cette expérience,
je sais qu'il n'en est rien avec toi
je t'aime
quoi qu'il advienne
comme tu es
et comme tu chemines
il a fallu que j'apprenne
à m'aimer
à me respecter
j'ai mis du temps pour ça
j'aurais aimé apprendre ça
avant ton arrivée
il en fut autrement
sans doute
m'as-tu aidée
par ta venue
par tout ce que nous avons partagé
tu m'as mise
face à moi-même
merci pour cela
mon enfant
en ayant appris cela
et en continuant ce chemin patiemment,
j'ai bien plus de force qu'avant
et cette force
est aussi là pour toi
au cas où tu en aurais besoin
dans ton cheminement à toi
surtout
n'hésite pas
je suis là pour toi
même si je ne suis pas tout à fait
la même qu'avant
Monday, August 19, 2013
Sunday, August 18, 2013
Thursday, August 15, 2013
Enterrer
des livres
ou plutôt
les libérer
les envoyer
se faire recycler
parce qu'ils sont inutilisables
leur dire au revoir
en quelques clichés
démonter la prison de papier
dans laquelle
je m'étais enfermée
page après page
Tuesday, August 13, 2013
Il
y a huit ans
moins un jour
je goûtais
avec délectation
un grand verre
d'huile de ricin
en mode prépa
pour l'anniversaire demain
Sunday, August 11, 2013
Saturday, August 10, 2013
Je
ne sais pas si je dois, si je
suis capable de choisir une partie de mon corps pour la distinguer du reste. J’aime
tout, sauf la dent qui me manque sur le côté et que je compte remplacer dès que
j’en aurai la possibilité. J’aime tout. C’est comme ça.
Ado, j’évitais les sandales pour
ne pas montrer mes orteils, j’ignore pourquoi.
A 16 ans, je m’habillais de façon plutôt féminine. A 17 et pour
plusieurs années, je me suis subitement camouflée sous trois épaisseurs de
pulls, cheveux subitement raccourcis – quelqu’un était passé par là, de façon
malsaine et totalement déplacée. Face à la prédation, il est prudent de se
camoufler. Maman me reprochait de ne pas la laisser me toucher. J’étais bien en
peine de lui expliquer le phénomène dont je n’avais pas conscience. La conscience
remonte à la surface quand on y est prête, souvent longtemps après. Entretemps,
je me suis enlaidie, longtemps.
Pendant ma vie de femme mariée,
je me suis vêtue comme un sac : T-shirts ras-du-cou, pull et jeans en
soldes choisis à la va-vite, mal taillés, très colorés - c’était ma priorité,
le seul truc que je m’accordais. J’ai taillé mes beaux cheveux longs avant la
naissance de mon second enfant, et je les ai laissés repousser plus de dix ans
après. En fait, je me suis niée, je ne me suis pas vue. Mon ex-époux ne
favorisait pas l’installation de miroirs dans notre maison, ni celle d’un
éclairage suffisant. Donc je ne me suis quasiment pas regardée, pas vue pendant
vingt ans. Pas besoin de me maquiller : je n’en ai jamais ressenti l’envie.
Toujours pas aujourd’hui, où j’ai retrouvé de longs cheveux qui descendent plus
bas que ma taille, avec des mèches blanches que j’affectionne particulièrement.
J’aime mes jambes et, dans ma réconciliation avec mon image de moi, peu après
ma séparation, j’ai pratiqué la jupothérapie - ainsi que sa petite sœur, la
porte-jarretelle-thérapie. Après la jupothérapie, je m’adonne à présent à la
courte-robe-thérapie, celle qui montre mes jambes et mes genoux aussi. Moi qui allaitais mes aînés par en-dessous de
mes T-shirts, j’allaite ma huitième par au-dessus, dans des décolletés ou de
jolis tops d’allaitement. Les boutiques de vêtements de seconde main et le troc
m’ont permis de tester toutes sortes de styles, moi qui n’avais jamais, au
grand jamais trouvé le mien.
Voilà ce qui m’a amenée à
découvrir ma féminité, après 40 ans, tout doucement. Ce qui m’amène à m’aimer.
Mon ventre a porté huit bébés et ce qui le balafre, ce n’est pas une cicatrice
de césarienne, mais bien celle d’une péritonite : quand on ne s’écoute
pas, la vie vous envoie des messages détournés. Me voilà enfin aimée par moi,
avec mon ventre plein d’amour qui a donné tous ces petits/immenses fruits. Me voilà enfin en train de m’aimer et d’apprendre,
dans le mouvement, à aimer mon corps. A lui offrir une bague - offrir un cadeau à mon corps, c’est
exceptionnel, pour moi. Donc me voilà,
moi. Voilà l’enveloppe que je trimballe depuis 45 ans. Avec des gestes réflexes
hérités de la toute petite fille que j’étais. Même si chacune de mes cellules a
été remplacée entretemps. C’est moi qui me regarde – et c’est ça qui est neuf,
je crois – après avoir vécu auprès de personnes aux yeux desquelles j’étais
transparente. Je ne suis plus transparente. J’ai perdu mes kilos de maman
arrondie et je me suis enfin regardée. Pas pour chercher des défauts, comme à l’adolescence.
Je me regarde et je me trouve belle, je trouve beaux mes seins qui descendent
généreusement vers la bouche ou la main qui les veut et mon ventre qui a abrité
tous ces êtres en devenir. Si vous
faites passer des âmes ici-bas, il faut bien que leur corps se fasse quelque-part.
J’aime que l’on me voie et je
jouis de n’être pas transparente. De ne plus vivre en ennemie, en résistance, à
proximité de personnes qui ne me voient pas. Je vais mieux.
Ce que j’aime avec mon corps, c’est
qu’enfin il respire. Il est libéré d’un poids immense, de cette oppression
catastrophique. C’est peut-être cela que j’aime le plus en moi : la
respiration fluide d’aujourd’hui, à l’opposé de toute cette existence passée à
me forcer à respirer, à me moucher parce que j’avais le nez encombré, et les
souvenirs lourds de cette pneumonie où j’avais peur de ne pas finir la journée.
La difficulté de respirer, que ce soit pour des raisons psychologiques,
relationnelles et/ou mécaniques (bye bye les produits laitiers, vous avez fini de m'étouffer !) rappelle en moi l’angoisse. Ouf ! C’est passé. Que j’aime
respirer ! Que j’aime exister.
Friday, August 09, 2013
Tuesday, August 06, 2013
Friday, August 02, 2013
Lessive
Helmet
des camps - check
(note pour le futur : faire tourner le linge scout deux ou même trois fois, ce n'est pas du luxe, étant donnée l'odeur de bête et de feu de bois qui imprègne tout)
lessive des plumiers (oui, c'est un mot liégeois, ailleurs on ne dit pas ça, je vous laisse deviner) hyper-résistants qui traversent les années - plus qu'un à laver
arrivée de meubles pour faire deux chambres aux ados s'il leur prend l'envie de revenir par ici - plus qu'un bureau à réceptionner cet après-midi
arrivée de choses et d'autres, notamment de meubles, livres, fringues pour moi et les enfants suite au troc de ma collection de porte-bébés - presque terminé
installation d'un salon pour jeux vidéos - à fignoler
re-semailles de petites graines d'herbes aromatiques en bouteilles suspendues (j'avais tout trouvé coupé à ras un jour de l'hiver dernier) et arrivée de plants de tomates - check
graphisme pour la promotion d'ateliers avant d'avoir un autre atelier - en cours
miracle concernant un autre atelier - check
préparation du matos migrant vers cet atelier - en cours
rêver d'emmener les enfants à la mer - en cours
concevoir une installation verticale pour faire pousser des salades derrière une grande fenêtre - à voir
aimer - comme toujours
hier soir, je disais à fils N°5 que dans la prochaine maison, on aurait un jardin pour faire pousser des légumes et des poules qui font des oeufs bio, alors il m'a dit "oui, et on chevauchera des licornes ! "
Thursday, August 01, 2013
Un
truc
au coeur
qui grandit
grandit
grandit
mille et un pétales
composent
ma vie
tout ce qui
ne convenait pas
est parti
et
laisse la place
à du neuf
qui s'engouffre
léger
frais
très concret aussi
sous mes pas
se déroule
un tapis
de velours
et d'argent
j'avance
décidée
mes cellules
s'embrasent
de paix
et de joie
réunies
je vais
au vent
je me prépare
à voler
vraiment
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