quand

photo Sandrine Fraikin

on est claire
dans sa tête

on peut
enfin
trier
jeter
et faire place

en soi
autour de soi

laisser
des choses
lourdes

et
lever
le pied

un recommencement

photo Sandrine Fraikin

.
.
.



NON !


ce n'est pas un déménagement
ni un voyage au loin

c'est un voyage en moi
qui m'emmène
au-delà
de l'avant

m'emmène au dedans
au dehors
à l'envers
à l'endroit
sens dessus dessous

pour refaire
un chemin

vers ailleurs
et vers moi

une autre forme
de vie
venue
de pas très loin


certains jours
chaque semaine

tout autour
de l'an
même

un voyage choisi

totalement
pacifique

bouge

photo Sandrine Fraikin

des meubles

tourne le lit

s'agrandit

bouge

câlins

et

musique

simplement

fatigue

photo Sandrine Fraikin

des nuits moyennes
de 5 ou 6 heures
c'est mieux
que 3 heures de sommeil
et demie
en moyenne

mais ça commence
à faire peu
quand-même

petite forme
petit moral

alors ...

photo Sandrine Fraikin

eh bien
euh
c'est à dire

que

je ne suis pas
ce que l'on peut
qualifier de
concentrée

donc
je crois

que je vais
laisser

ces quelques mots
plic ploc

ici
ce soir

je tâcherai
de mettre
un peu d'ordre
là-dedans

demain
(ou plus tard)

le silence

que j'aime
est celui où
assise
j'allaite mon bébé
devant une peinture
que je viens d'achever

moment intense
et doux
où je suis la plus calme
où je murmure
seulement

devant les couleurs
qui s'emmêlent
se recouvrent
en transparence
s'entrechoquent
se parlent

je peux me reposer
me dire que
j'ai peut-être fait
là
mon travail

que j'ai dit
deux-trois choses
que ne disent
les mots

des choses
insensées
si l'on réfléchit trop

une angoisse

perdue
celle d'être reçue

une libération
qui permet
de voler

marcher

des kilomètres
mon enfant sur le dos

je marche
à travers la ville

je respire
je lâche

tant de choses
au passage

toute cette immobilité
de l'hiver

ce corps
bloqué
et faible

dans lequel
j'attendais

de finir
de faiblir

toute cette énergie
qui manquait

tout cet air
qui m'appelait

tout l'hiver
à ne pas comprendre

l'absence d'énergie
la tristesse

les pleurs
juste avant
d'expulser mon bébé

la lourdeur

puis

la paix ...

tout près

de moi

deux grands sacs
ma folie

des kilos de peinture
toutes couleurs

et des pinceaux
larges
les pinceaux

pour aller
loin

rechercher en moi
ce que j'avais verrouillé

par fatigue
par manque de soutien

parce que je n'étais pas vue
pas prise en compte
entourée de personnes
pas connectées
à leur ressenti
pas connectée à moi non plus bien sûr

parce que
j'ai bien failli
m'éteindre dans le flou
des attentes banales

par n'importe quoi d'autre
qui faisait
que je n'écoutais pas
ce que je souhaitais
au plus profond de moi

les voilà
près de moi

une nouvelle saison

peut-être

virée

en couleurs

je m'en vais au rayon
des grands pots
d'acrylique

voir si j'y suis encore

car les mots
qu'on écrit
c'est bien

mais

ça limite

envie de

moins de peurs

plus d'amour
de force tendre
légère

au menu
chaque jour

une mystérieuse envie de lumière

me démange
fait sa place

quelques personnes claires
déjantées
insolites
m'accompagnent
en chemin

personnes claires
ou
qui cherchent

gaiment

le rire sur la main