Sunday, April 25, 2010

écrire

comment on fait pour s'arrêter d'écrire?
j'ai arrêté, un ou deux mois
comme si je suspendais ma respiration
après un grand élan
paf!
la tête dans un mur
je me suis pris
c'est bête!
je me suis arrêtée tout net
j'avais trouvé quelque chose
et ça a disparu
de mes écrans
comme par désenchantement
les fées ont fait défaut
sur ce coup-là!
chapeau!


mais qu'est-ce que j'ai fait?
où avais-je donc la tête?
les doigts?
ah oui, c'est vrai...
pour ne pas arranger les choses
j'ai été sans ordi
ça explique des choses
quoique...

et quoi d'autre?
ah oui
c'est vrai!
je suis tombée
très haut
ou très bas
amoureuse

ça vous coupe le souffle
vous dope l'écriture
comme jamais
vous ratatine un tout petit peu le cerveau
et puis
le cerveau il est là
il a besoin d'écrire
quoi qu'il arrive ou pas
ou jamais

il faut que les doigts vivent
écrivent
écrivent
écrivent

ah! je m'amuse un peu
mes doigts
sur le clavier
c'est déjà ça
je dirais
oui
déjà ça
mon neveu !

pelleter

le chaos
comme si c'était
à la petite cuiller

vider
vider
vider

jusqu'à plus soif

vider
les vestiges du passé
déplacer
entasser
et
faire que rentre l'air

pour vivre dans le présent

reprendre
sa respiration

s'asseoir
face à lui
qui évite le sujet

qui évite
l'école

qui évite
de se positionner

que va-t-il faire?
que fait-il

entre deux
parfois il y va
parfois il n'y va pas

est-ce irresponsable
de l'autoriser à souffler?
- je suis irresponsable
totalement, je le sais -


sa difficulté
d'être accepté
tel qu'il est ?

tout petit
avancé

décalé
irrémédiablement décalé
dans des groupes
où l'on classe
où l'on compte
où l'on met
tout en rang

décalé
chez Freinet

je déplace de l'air
cette semaine
allons-y !

pour une joyeuse bande
décalée
qui assume
partiellement
ce qu'elle est

affalée

avec elle
dans une mer de coussins
- elle dort et me retient -
j'entends
en bas
les cris
de ceux qui jouent
aux cartes
ou à tout autre chose
de 4 à 18 ans
ils rient ensemble
et je n'en finis pas
de savourer
la paix
la joie
du moment présent
présent que je reçois

Monday, April 19, 2010

mamma mia

aujourd'hui
j'ai appris
comment
mon grand-papa
avait demandé ma grand-mère
en mariage

il était culotté
maladroit
timide
ou
le tout à la fois...

j'ai noté plein d'histoires
contées
par ma marraine

comme pour inaugurer
ce nouveau portable

acte prémédité
resté bloqué
longtemps
à l'état de projet

qui là se réalise
un tout petit peu
je ne sais trop comment

les choses
se mettent
en place
d'elles-mêmes


et
le clavier chauffe
simplement

ces histoires du passé
peuvent venir à moi
maintenant qu'elles ne me posent
plus aucun problème

je n'ai rien à y trouver
prouver
ou
déterrer

juste le plaisir
des personnes
et
de l'histoire
racontées

Saturday, April 17, 2010

c'est

un peu
la paix
lorsqu'il y a du soleil
lorsque j'ai de quoi
peindre
espace
temps
matériel
lorsque
j'ai eu
des amis
en ligne
mes enfants
souriants
et
ma soif
étonnamment
étanchée
et que
je ne me sens
plus totalement
seule
dans le désert
même si
seule
j'avance
à présent

Friday, April 16, 2010

retrouvé

en pagaille
mon mémoire
sur
le Portrait de Dorian Gray
des cassettes audio
pour donner cours d'allemand
d'anglais
des timbres suisses
que je collectionnais
une toile
au couteau
de 1987
que j'aimais
de l'espace
du temps
de la poussière partout
restes d'un incendie
qui faillit
un jour
ravager
le bâtiment
une boussole
chinoise
héritée
de mon grand papa
du Poirier
du courrier
une boîte à musique
des dizaines de vinyles
des romans
jamais lus
que peut-être
je lirai
et
posé
mes pinceaux
et
mes couleurs
primaires
auprès de ce mur blanc
où pendent
accrochées
des peintures
depuis 13 ans

je crois
qu'elles sont sèches
à présent

Thursday, April 15, 2010

dans

ma petite valise rouge
hier
j'ai ramené
en guise de transhumance
mes acryliques
ou du moins la moitié
pour poser
mes pinceaux
dans mon futur atelier
le remplir
de moi
peu à peu
en commençant par un pan de mur
qu'il reste à dégager
puis un autre
et ainsi de suite
jusqu'à ce que vie s'ensuive

je repartirai
un nouveau petit portable
sous le bras
incessamment sous peu

chaque chose
à sa place

et les vaches
seront bien gardées...

Sunday, April 04, 2010

que

Julian Freud me pardonne
je n'ai pas vu son expo
la file était tellement longue
que j'ai choisi
simplement
de marcher

marcher tout droit
ou en tournant
marcher
durant des kilomètres
sans plan
sans intention
sans rien chercher d'autre
que le plaisir
d'avancer
sous le soleil d'avril
qui éclairait les façades
les monuments
mieux que ne l'aurait fait
n'importe quel technicien
de la lumière

j'ai juste voulu avancer
je n'avais même pas
la tête trop pleine
à bien vider
je n'avais rien
d'autre
que cette envie de marcher
marcher très loin
sans rien chercher

ma fille sur la hanche
qui tétait
qui dormait
s'agrippait
se nichait
la tête doucement lovée
au creux de mon bras gauche
mon bébé de côté

j'ai vu
sur mon passage
des panneaux
qui indiquaient
des musées
c'était presque tentant
d'aller voir
si
là-bas
il n'y avait pas de file insurmontable
si j'aurais pu entrer
mais je me suis dit
non
j'ai vu tant de toiles
hier
tant de choses
plein la vue
que là
j'ai besoin d'air
de l'air
rien que de l'air
maintenant

alors
j'ai poursuivi
ma route

j'ai tâtonné
en regardant
un tout petit
plan
du métro
que j'ai

j'ai rectifié la direction
générale
de mes pas
afin d'aboutir
en fin de journée
si possible
du côté de Paris
où j'allais m'endormir

j'ai fait une halte
rue de Rivoli
une terrasse
me tendait les bras
ma fille dormait
Jardin m'attendait
alors
j'ai bu
une dizaine de page
plus un thé
(pas donné, le thé ! autant le savourer !)
puis
suis repartie

encore
encore
encore

parfois
cela montait
parfois
cela descendait
parfois c'était tout plat

une affiche au détour d'un Boulevard
m'a fait penser
à Arno
et aux yeux de sa mère
yeux de sa mère
à lui
à sa voix
à tout ça...

j'ai échoué dans une gare
je n'en pouvais plus
mes pieds
malgré
mes chaussures allemandes
commençaient à crier
à l'aide

alors
j'ai terminé ma course
folle
avec
une bonne dizaine
de stations de métro

ma fille s'est réveillée
nous sommes rentrées

que c'est bon
d'atterrir

quelque part
n'importe où
guidée par je ne sais quoi
qui me fait
avancer
comme cela

que j'aille bien
ou mal

ce besoin de marcher
me mange

ça va
de pire
en pire

et je ne crois pas
que ce soit très grave

juste
un changement
de route
c'est tout

Friday, April 02, 2010

il

est à un bout de la table
moi à l'autre

chacun un portable devant soi

non, non
nous ne jouons pas
au combat naval

ni ne dînons aux chandelles

nous surfons gaiement

il se fait des tartines
me montre deux tranches de pain
ovales
me demande si ça ne me rappelle rien

euh...
je dis "non"

"les couilles de papa !"

que faire?
...
je pleure de rire !


il y a des jours comme ça
de début de vacances
de sac à dos
qui attend
dans un coin

que je sois prête
à partir

à laisser ceux d'ici
se débrouiller
un petit peu
sans moi

je prends un train rouge aujourd'hui
pas le train aux sièges bleus
qui
d'habitude
m'emmène vers Bruxelles

j'ai bouclé les textes que j'ai pu
j'en achèverai d'autres
après mon retour ici

je ne travaillerai pas
je prends juste un train
aujourd'hui
voilà...