Monday, December 31, 2007

passagère

depuis longtemps
sans que j’en aie eu conscience
se niche
sous mon toit
une personne étrange

qui tantôt reste calme
ne se manifeste pas
tantôt s’ingénie à perdre les outils
les papiers
fait des trous dans les murs
et ne les répare pas
démarre mille choses
ne les achève pas
et déboule parfois
en crise que je peux
aujourd’hui qualifier de maniaque

(il y a peu de temps que j’ai ce mot-là)

j’ai vécu très longtemps
dans mon histoire
sans en saisir le fil
ou du moins un des fils qui,
sans cesse,
vient détricoter ce que les autres tissent

cette année-là
j’ai eu l’impression
de dormir à côté d’un mort
c’était indescriptible

comment je suis restée ?
je ne sais pas

accrochée à un rayon
de lumière
j’ai tenu bon

puis

nous avons tâtonné
lentement
cherché
cherché
longtemps

cette personne à nos côtés
passagère clandestine
non identifiée

elle
n’a pas sa chaise à notre table
mais elle est là
qui m’envoie au dehors ou vers des fenêtres comme celle-ci
vers un ailleurs riant et agréable
un ailleurs sans trou et sans déchirure
un ailleurs accueillant, serein
un lieu que je n’ai pas

elle décuple mes forces
m’envoie pas monts, par vaux
dans des lieux insolites
loges, maisons de maître, bureaux, salle de danse, de jeu
lieux garnis de chaises raides, de tapis de mousse bien minces, de grands blocs ramollis,
de matelas garnis
lieux aux accueils divers dont j’ai même eu la clé, quelquefois

elle décuple mes forces et parfois
aussi
elle m’envoie
à mon grand regret
dans des intérieurs douillets
visites
dont il me faut bien du temps
pour me remettre
tant le choc est profond
elle décourage
ceux qui,
autrefois,
nous rendaient visite

et je vis sur la corde raide

mon cardiologue met le doigt sur ma difficulté, content :
trop de naissances et trop d’allaitements
mais c’est simplement de sommeil dont je manque
de sérénité
je m’use
ma tête tourne depuis
un ou deux ans
je craque

le sommeil en allé
le sommeil suspendu
la tête qui ne comprend pas
qui cherche dans la nuit
qui vient s’immiscer dans ma vie
semer l’angoisse et l’énergie
l’énergie insatiable
celle qui se nourrit des blessures

son nom est composé
il y a maniaque
il y a dépression aussi
mais on dit bipolaire maintenant

il va encore m’en falloir du temps
pour comprendre mon histoire
notre histoire
entre moi, toi, et ton double
qui te paralyse
t’empêche de parler
et t’enferme dans un tunnel profond
dont je ne peux résolument pas t’aider à te tirer

depuis qu’elle a un nom
(ou plutôt deux)
elle me fait moins peur

déjà je sens
que tu retrouves un tout petit peu
de clarté
de sourire
et parfois
nous rions

je te sens présent

difficile pour toi
d’accepter
que tu vas prendre
ces médicaments
jusqu’au bout
de ta vie

difficile pour moi
de me dire
que toi et moi
c’est avec elle
nécessairement

soulagement de comprendre
que lorsqu’on s’appelait
c’était souvent
un très long silence
un appel

des centaines d’appels
pour se dire
qu’on était là
au bout du fil

mais qu’on ne pouvait pas trouver la formule
les mots
sur ce que l’on ne comprenait pas

vie d’angoisse
corde raide
tout le temps

enthousiasme
énergie
usure

et puis il y a le nom, les noms de la passagère
alors
à nouveau
un avenir ouvert



Friday, December 07, 2007

Tuesday, December 04, 2007

mère

http://www.bluffton.edu/womenartists/ch10(20c)/modersohnnursing.jpg

mère
sorcière

mangeoire
feu
repos

signifié
signifiant
référent

issue
ouverture
offerte

monture
point de vue
plongeoir

mère

Sunday, November 25, 2007

16 ans

il éclate de rire
il m'invite
à venir voir
avec lui
la fin d'un feuilleton

je m'étonne
et m'exécute

et j'écoute
les répliques
qu'il souligne
en me les répétant

chapelet de poncifs
qu'égrène cet épisode
d'un feuilleton américain
exclusivement WASP
ou presque
des années cinquante

ou

(c'est lui qui me le dit)
comment voir la vie en
compliqué
et en bons sentiments


je suppose que
dans pas longtemps
il regardera plus
la mise en scène
que l'histoire

les plans où les acteurs
parlent sans rien faire
ou font sans rien dire

est-ce que ça l'énervera
comme ça énerve son papa?

j'aime ce décalage
pas désabusé
amusé
rieur
chez mon fils,
notre fils

à qui nous n'avons pas essayé
de faire gober trop d'évidences
mais bien mieux
de toujours regarder
si les choses simples
ne sont pas, de plus près,
plus complexes qu'elles ne semblent

complexes, belles, changeantes, intéressantes

déjà, il était revenu
riant
d'un voyage
où on lui avait dressé des vues sur la vie
pareilles à des recettes
il m'avait fait son analyse
synthèse fine et circonstanciée

il sait que la vie c'est plus riche que des sentences

que les personnages de la vie sont ronds
pas plats comme des omelettes fades
qui rampent sous les mots.

Friday, November 09, 2007

libération?

Merci Cécile pour ce mot juste et merci à une "adulte intense"
qui m'a ouvert les yeux sur cette qualité d'une part,
et sur son acceptabilité d'autre part.

Pleurer dans le genre "chutes du Niagara" ou rire uniquement à gorge déployée
être à peu près totalement incapable de fermer les yeux le jour
(sauf en cas d'épuisement phénoménal ou de grossesse)
ou de faire la grasse matinée sous la couette
toujours être en mouvement, en réaction

travailler le jour
et travailler la nuit

ne pas savoir ce que le terme "pause" veut dire
ou alors "pause forcée"
quand les forces s'en sont allées

une nature intense

la libération pour moi fut qu'une personne m'ait nommé cette condition
que nous partageons...

Depuis, je suis légère.
Je me sens autorisée à être comme je suis.
Je peux comprendre - sans avoir plus envie de poser une foule de questions sur le passé -
que mes proches n'y aient souvent pas compris grand chose.
Depuis, je pense que le sentiment que j'avais eu longtemps de ne pas être pleinement acceptée telle que j'étais devait être légitime. Point.

Ca cicatrise à vitesse grand V, cette légitimation.


Une trop grande sensibilité qui fait que, le soir, au lieu de me coucher, je couchais, je couche des mots dans des cahiers, sur un clavier, ou que je dépensais tout mon argent de poche en pots de peinture - qu'allait-on bien pouvoir faire de moi? Hein?

Feu un de mes grands-pères m'a dit un jour que j'étais trop sensible.
Je me souviens, le jour de son enterrement, j'étais très loin, très loin de là, à donner une formation au portage, pour transmettre quelques gestes, quelques mots qui, à leur tour, voyageraient. C'était bien comme ça.

Ils l'ont enterré, au printemps, sous la neige.

J'aurais été bien incapable d'une oraison funèbre.
Trop tôt pour moi pour prononcer devant une assemblée
(ce que j'avais fait avec joie pour son épouse, ma grand-mère, quelques mois plus tôt)
des mots doux pour parler de non-douceur,
d'amour qui ne sait que taquiner et faire pleurer les femmes.
Il m'a aussi dit un jour que j'étais une bonne laitière, et il m'a fait rire.
Ses bêtes n'avaient pas le temps d'allaiter leurs petits.
Pas le temps pour ces choses, pour l'essentiel...
Chez lui, les heures de biberon des bébés étaient calculés pour que les hommes soient servis à l'heure où ils le voulaient.
Fallait que ça roule. Et ça roulait.
J'ai pourtant le souvenir d'une toute petite fille qui le faisait danser,
grand-père devenu gâteau avec les années.
Qu'ils étaient beaux, tous les deux, en train de faire la ronde.
Les petites filles de deux ans ont tout pour vous faire fondre.

Moi, j'ai eu le tort de le faire grand-père pour la première fois,
puis arrière grand-père pour la première fois,
et il a eu à chaque fois bien du mal à passer le cap.
Il semblerait que je sois un cap difficile à passer...


J'ai perdu cette année-là ma confiance dans le mot "famille".
J'ai vu, une fois de plus, le froid qui se lève sur le nid éparpillé
lorsque la Mère est partie.
Pendant des mois, j'ai eu peur de ce froid qui s'était levé.

J'ai compris, de chaque côté, que lorsque la Mère s'en va, sa tendresse ne reste pas forcément.
La Mère, la Grand-Mère, qui vous aime comme vous êtes, même si elle ne vous comprend pas, même si elle vous passe la main devant les yeux lorsque vous rêvassez, qui vous emmène à la messe à 7h du matin et avec qui vous faites les courses, bras-dessus-bras-dessous, pendant les vacances, cette Grand-Mère qui ne vous demande rien sinon d'être heureuse, parce que ses rêves à elle, elle sait très bien que ce sont les siens,
Grand Mère qui s'émerveille tout simplement devant vos pas, quels qu'ils soient ...

J'ai eu bien froid cette année-là.
La même année, mes poussins ont perdu leur Grand-Papa.
Curieuse année où mes enfants et moi perdons un ou deux de nos grands-parents.

Curieuse année où une petite fille nous est née, en plein été, coiffée, à la maison, après quatre garçons.

Il y a des années,
il y a des mots
qui changent beaucoup
surleur passage.

Sunday, November 04, 2007

Recherches dans le noir

Auriez-vous l'idée de faire des recherches dans le noir pour faire des économies d'électricité?
Eh bien, allez y voir...
Spirou m'en a parlé (il est d'ailleurs sorti sur papier recyclé, vous avez vu?) .
Je cesse de googler, je vais désormais blackler sur www.blackle.be .
Puis j'ai reçu mon numéro de Mothering sur papier recyclé, lui aussi...
(Sur www.mothering.com , vous pouvez vous abonner à la version internet, si vous pensez beaucoup aux arbres...) Ce magazine est superbe.
J'ai lu dans un journal imprimé sur papier pas recyclé que mes grands-parents lisaient lorsqu'ils étaient encore de ce monde que la lecture des sept tomes de Mister Harry Potter pouvait constituer une thérapie sur la sortie de l'enfance. Est-ce grâce à la lecture du septième tome en juillet (précédée de celle des six autres, un par un, dans l'ordre, et dans la langue) que je me sens bien à présent? Mystère... et boule de gomme! Aurais-je enfin cessé de chercher dans mon miroir d'Erised ce que j'ai tout au fond de moi: une solide capacité à accepter mon sort, mon jonglage avec l'intensité qui fait vibrer mon quotidien, du rire aux larmes, de la paix à la rage. Me recyclerais-je enfin?

A moi, la nuit, non pas les troubles du paradoxal loup garou gentil, mais plutôt, pour l'instant, les joies de la lecture de Tobie Lolness, hélas en deux volumes seulement!

Et de l'écriture, pour un mag que j'aime, qui est, lui, imprimé sur papier recyclé depuis le début: www.grandirautrement.com .

A nous les joies du recyclage d'une maison (aurons-nous un jour terminé? peut-être lorsque les enfants seront tous grands?) On ne s'improvise pas fourmi quand on est une cigale; on ne s'improvise pas sédentaire lorsqu'on est nomade par essence.

Savez-vous que les nomades ne sont pas ceux que l'on croit? Que les sédentaires sont plus mouvants qu'eux, qu'ils quittent souvent leur région d'habitation pour partir s'établir très loin du lieu qui les a vu naître, tandis que les soi-disant nomades reviennent régulièrement aux mêmes endroits, sur de vastes étendues. Ils ont une foultitude de repères et connaissent les moindres recoins des régions qu'ils arpentent encore et encore. Ils épuisent moins les ressources de la terre.

A nous de nous recycler sans cesse, d'apprendre chaque jour de nouvelles petites choses.
Je me demande juste si ce post a un sens. Je cherche... souvent je tournicote et je cherche encore; la balade vous plaît?

Saturday, October 06, 2007

déjà

ça fait cette semaine
14 ans
déjà

qu'une personne
me dit

après que j'eus
lâché
mon plus petit bébé
(3 kilos et demi)

"vous avez bien géré "ça"
sauf les vingt dernières minutes:
vous avez perdu les pédales"

yes
j'avais perdu les pédales
je n'accouche pas
néocortex branché
je dansais
sur la table d'accouchement
et à la fin
la danse s'est faite
toute seule
sans que mon esprit
soit plus consulté

j'ai été emportée
je serais incapable de vous conter
cette naissance
par le détail

désolée

et

quatre années et quatre jours plus tard plus tard
j'ai été heureuse

qu'un autre bébé
attende patiemment
que l'anniversaire de sa grande soeur
soit fêté
avant de pointer
le bout de son nez

enfant
du tournant
avant un grand virage

avec lequel j'ai goûté
aux joies du portage agrippé
vraiment

enfant en écharpe
en Tonga
porté
savouré
allaité

enfant
enfant enfin plus léger

j'ai retrouvé des jambes
retrouvé une liberté
que j'avais oubliée

avec un grand tissu
bien tissé
une folie
que j'ai osée

dix ans de portage
découvertes
rencontres

j'ignorais où cela me mènerait

je l'ignore encore
ce fil pas entièrement déroulé

il court encore
comme cet enfant

Tuesday, October 02, 2007

solidaires?

lorsque je vivais loin d'ici
je voulais revenir

connaître
mon pays

qui me semblait autre
que celui où je vivais

autre parce que moins imprégné de compétition
de concours et de sélection

autre parce que plus serein
avec des mots plus simples
et peut-être
plus simple à vivre au quotidien

pays contradictoire
multilingue
incompréhensible
pour qui n'est pas d'ici

pays où
j'ai
peu à peu
réappris
ce que c'est que le calme

à vivre au jour le jour
et à goûter la vie


www.sauvonslasolidarite.be

Thursday, September 27, 2007

semaine folle

il y a des semaines



votre petit se casse la figure
le tout premier jour
où il devient un baladin
où vous faites face à l'incompréhension
d'une infirmière en pédiatrie
qui vous aperçoit en train de réconfoter
ce petit de 4 ans et demi
au sein
(ouf! une nuit d'observation
et puis plus rien)
j'avais oublié que je n'étais vraiment pas normale


vous retombez sur votre vielle copine
qui vous dépanne
et qui vous rappelle
que dans quelques jours
elle joue au théâtre

vous retrouvez tout à coup le chemin
du théâtre
où vous avez roulé votre bosse
des années
parce que
pour la première fois depuis des lustres
la mystérieuse envie ne vous a pas
encore une fois
joué des tours
autour des deux ans de bébé
vous voilà légère
pour aller au théâtre
encore et encore
suivie d'une rangée de canards à vélo
une fois, deux fois, trois fois
c'est si bon de voir le même spectacle plusieurs fois

et ça repart
quand

votre "petit"
(qui a rasé sa crête jaune
entre festival et examen de passage
- les cheveux verts, ça tourne au jaune, oui...)
est emmené en sortie par sa prof
dans ...
le centre d'information
où vous avez fait SON test de grossesse
quand il était tout mini mini
et que personne autour de vous
sauf son papa et cette amie
ne semblait se rendre compte
que vous étiez adulte ou presque
et depuis longtemps taraudée par une mystérieuse envie ...



lâchement abandonnée par les vôtres
vous allez en rendez-vous chez votre psy
avec une demoiselle de deux ans
qui refuse les duplos que la dame lui propose
mais qui finalement se délecte des magazines de la salle d'attente
et vous permet de vider tout de même un peu votre sac




c'est stop ou encore
et vous retenez votre souffle
vous ne dormez pas
tellement le tournant est fort

et vous vous réveillez

VIVANTE

pas en bisbrouille avec votre maman (ça fait bizarre, ça fait un bon moment, maintenant!
- coucou maman!)

Monday, September 24, 2007

la solution

la solution
est-elle de protester
de trépigner

ou de chanter?

http://fr.youtube.com/watch?v=TSO0fcZp5Ms&mode=related&search=

Friday, September 07, 2007

toc toc

c'est qui?

c'est lui

et je l'entends qui chante
des textes de Brassens
avec grande fille
école à la maison avec papa
- avec maman, non, ça ne colle pas -

manger - dormir - chanter
pédaler
qu'y a-t-il de mieux?

et je les vois
vivre ça
sous mes yeux

comme un homme
parfois
souhaite être enceint
et ne le peut pas

je ne peux faire l'école à la maison
les garçons y vont, à l'école
et je reste là

mon désir en berne
mes cahiers entre les jambes
mes rêves au placard
encore une fois

même si je suis là
non, ça ne compte pas

tout est pris en charge
tandis que je reprends mon boulot
boulot que j'aime

me suis bien reposée
ça repart, mon kiki
une année à l'envers

manger pour vivre?
vivre pour manger?

à l'école
j'ai joué cette scène
en face de moi, un garçon bon vivant, rieur
me donnait la réplique

moi, toute à mon angoisse de ne pas faire d'erreur
moi, j'étais avare de moi
je mesurais mes mots, mes mouvements
ma vie

lui, il avait raison, de rire en toute saison

moi, je pensais qu'il était impérieux de ne faire aucun pli,
aucun participe passé mal accordé,
aucune confusion entre infinitif et participe,
quelle folie! (je n'y aurais même pas pensé)

je croyais que l'école me mènerait avec assurance à ...
à quoi?
je n'en savais absolument rien
à une absolue non-confiance en moi
à une suite sans goût de remplacements insensés
qui ont eux-mêmes suscité des remplacements à d'autres intérimaires
non casés
comme moi

quelle mascrade
jolis mots enseignés
vivre - manger
manger - vivre

si j'ai remis quelque chose à l'endroit
mon travail me rend heureuse
je souhaite que mes enfants
reprennent la place de choix

que l'on travaille côte à côte
que l'on apprenne
que l'on explore ensemble

sans eux, j'ai tellement moins d'énergie
c'est comme dans l'allaitement
le contact avec eux suscite ma production

et cet été
lorsqu'ils étaient presque tous partis au camp
j'étais une chose molle
sans énergie

la vie que vous donnez vous donne la vie

Thursday, September 06, 2007

se changer

tout à coup
c'est très fort

il faut qu'elle retire ses vêtements
qu'elle se glisse
nue
sous mon T-shirt
et elle tète
et elle se détend

quelques instants plus tard
je la retrouve devant sa garde-robe

elle redescendra
toute de rouge vêtue

je fais la vaisselle
donc elle la fait

et quand ils sont trempés
les vêtements rouges
elle s'en débarrasse
hop là
la petite culotte aussi

et nous la retrouvons
se lavant
carrément
dans l'évier de vaisselle

pourquoi pas?

épisode suivant

elle a sélectionné
un polo et un pantalon coordonnés
dans les tons de vert
elle veut se rhabiller

elle y parvient
presque toute seule

ma petite a deux ans

et ce soir
je me suis mise en tête
pour une fois
depuis longtemps
de tricoter un truc pas compliqué
un double col tout droit
trou pour sa tête
et
trou pour ma tête

accessoire de portage
rien que pour elle et moi

elle ne comprend pas
mais elle verra ça

mais en attendant
elle est furieuse
longtemps
de voir ces aiguilles
dans mes bras
l'empêchant de pouvoir
venir téter tout son saoul

en tricotant
j'empiète abusivement
sur la liberté
de me toucher
de mon enfant

je le savais
cela faisait longtemps que je ne tricotais pas
sa réaction fut si violente

que je fabrique une chose
pour elle et moi
elle ne le comprend pas

je suis un consommable
toute crue, comme ça
l'attente n'existe pas
elle vit encore
un tout petit instant à la fois

elle signe "flower"
et elle dit "flower"

jeux de mains
pas si vilains que ça!

Tuesday, September 04, 2007

disponibilité

résolution
de rentrée

ou

de demi-rentrée

être là avec mes enfants
lorsque l'école me les rend

pas que présente physiquement
agripée au clavier
qui me happe vers un ailleurs
qui me tombe dessus
à tout instant

être disponible
non abrutie

avoir le temps

de faire des rondelles
de carottes

ou d'aller chercher
des banances
chez le petit arabe du coin
(il est très gentil,
je vous le recommande!)

histoire de faire
enfin
un gâteau
à la banane

je n'étalerai
pas ici
des talents culinaires
que je n'ai pas

(hier
la soupe réussie
a atiré un commentaire
disant
textuellement "ce n'est pas comme
la soupe de maman!")

et je ne compte pas
vous innonder
de posts

puisque
cette année
même s'ils vont à l'école
comme on croit souvent que l'on doit

et que j'aspire à davantage
de temps partagé avec eux

je vais tâcher
hors heures scolaires
de ne pas trop faire chauffer le clavier

j'ai longtemps été là
face au clavier
leur tournant le dos
je ne veux plus de ça

il est peut-être temps que j'ose aller vers mes enfants
un peu

Saturday, September 01, 2007

rouge bonheur

semaine tempête
tristesse et joie

il faut du temps
pour s'accorder

si je suis prête
il ne l'est pas
en même temps que moi
à ne pas conduire nos enfants à l'école
en cette rentrée scolaire

tristesse tristesse
deuxième rentrée que j'y crois
et que c'est non,
pas encore prêt
oui, mais non
ja-ein
(prononcez en allemand, ja, puis nein, sans dire le premier n de nein)
jein : voilà!

semaine après semaine, j'ai décompté les semaines
avant l'été
c'est reparti pour une année
où je décompte le temps
qui me sépare
de ce temps-là
différent
moins abrutie au boulot
un temps où les choses seraient remises à l'endroit

joie
feuilleton
rouge au soleil de Chine
d'une petite fille qui découvre ses parents
et se détend
s'accroche
s'endort tout contre eux
jour après jour

bien loin de familles et amis
qui suivent
le coeur battant
le blog de la rencontre
papa-maman-bébé
tant attendu
tant aimé

loin et si proches
vous me faites penser
à ce texte http://www.mothering.com/articles/new_baby/bonding/at-rest.html
où le contexte est différent
une mère demande à sa famille de ne pas débarquer trop rapidement
après son accoucement
à la maison
car
elle désire ardemment
se pelotonner doucement
nourrir, toucher, regarder son enfant
et se laisser toucher par elle

autour d'elle, on s'affaire discrètement
pour qu'elle n'ait rien à faire
qu'être là pour ce tout petit enfant

votre voyage
loin de nous
dont vous nous offrez de rayonnants clichés
vous préserve un temps
avant une grande vague de chaleur aimante
(votre famille est grande)

ces nombreuses visites
imposées par la Chine
à votre famille
à l'occasion de cette naissance de vous trois
n'ont rien à voir en apparence avec un lying-in sous la couette
dans une maisonnette où seuls deux-trois familiers pénètrent à pas feutrés

en apparence seulement

car vous nous montrez
jour après jour
des images de vous
l'un photographiant les deux autres
et réciproquement

non, ce n'est pas du lying-in
on pourrait presque dire du marching-in
tellement c'est sportif

et pourtant

c'est un temps
rien qu'à vous

le retour
cette nuit
l'atterrissage
demain matin
au pays

c'est la suite
la venue au monde
après la rencontre intime
avec maman et papa

bon vol
bon vent
et
à demain...

Saturday, August 25, 2007

prête

je suis prête
deux jours déjà qu'au coucher du soleil
le mot "bonheur" résonne étonamment en moi

je ne comprends pas

depuis quelques semaines
je suis dans la "convalescence"

nous sommes convalescents
de maux divers
d'usure
fatigue

ma tension inquiète moins
le médecin

mon sourire rassure
mes parents

j'ai des attentions
pour mon homme

signe que je ne suis
pas dépassée
par les événements

je respire
je suis prête

je désire écrire
des choses

autres

que ce que j'ai pu écrire jusqu'à présent

mots légers
moins souffrants

mais qu'est-ce qui se passe en moi?
je vais bien maintenat

Friday, August 10, 2007

un faune

assorti aux couvre-lits synthétiques
verts
hérités de ma chère grand-mère

(choisis parmi son bazar
parce qu'ils amuseraient
les mouflards)

telle est la crinière
qui se veut punk
de mon aîné
(au secours, je ne trouve pas de rime en "unk")

il n'a pas l'air de Shrek
certes
son doux minois
est encore là
prêt à faire se pâmer
les jeunes friandes
de belles gueules
aux doux yeux bleus

mais
comment dire?
ça détonne
quelque peu

ça donne un oeil bizarre
à la boulangère
me dit-il
ben tiens...

il fut bleu
le voilà vert
il reste des couleurs
à l'arc-en-ciel
encore

les réserves ne sont pas épuisées
l'avenir est à nous!

il fait rêver ses petits frères
qui voudraient
tout comme lui
se teindre la crinière

mais chaque chose à son heure

on ne se teint pas en vert à 9 ou à 12 ans
du moins, ici, pas pour l'instant

retour?

retour en arrière
ou saut en avant?

j'ai encore fait
cette semaine
un voyage
là où mes projets
se prolongent, vivants
et
là où des connaissances
de mon adolescence
poursuivent leur existence

étonnante rencontre
avec une amie d'avant
qui m'a retrouvée
récemment

certaines idées claires en commun
les enfants
les mots
ça fait beaucoup, il me semble

des études
parce que cela se fait
mais des enfants surtout
parce qu'on en a follement envie

et des chemins inventés
au fil du temps
pas de plan
de carrière

un surf à travers la vie

surprenantes retrouvailles
au détour d'un chemin
d'un site
de blogs

au détour d'un même désir
tout simple :
nourrir son enfant au sein

j'avais oublié
ce temps
où nous étions enfants de choeur
où nous n'étions pas très disciplinés
entre deux coups de sonnette

drôle de loisir pour des enfants
garçons et filles
- cela me semble surréaliste d'y penser aujurd'hui -
comme j'aimais sonner à la consécration!!!
j'avais tellement peur de me tromper
et de ne pas sonner au bon moment

je crois que tu m'as écrit au bon moment
maintenant que je tâche
de réapprendre
le temps
de rire
de respirer

il faut du cran
pour annoncer à 18 ans
que l'on souhaite être maman au foyer

je ne voyais pas aussi clair que toi
et me suis laissée embarquée
dans des choses bien compliquées

histoire de me protéger
des projets que l'on faisait pour moi
j'ai donné le change avec un chemin
qui ne satisfaisait personne
ni ceux qui faisaient trop de rêves pour moi
ni moi qui en faisais bien d'autres
dont je ne pouvais pas parler

j'ai donc commu la voie de garage
où je n'ai pas pu me garer
puis tâté
et exploré une mystérieuse voie de secours
au bout de laquelle
je pense maintenant pouvoir respirer

après tant et tant d'apnée
de temps passé à ne pas apprendre à faire des choix
de choix intempestifs
mal gérés
coups dans l'eau
coups mal dosés

et là
j'aspire
au temps
pour et avec mes enfants
au temps respirant
où personne ne joue le premier rôle auprès d'eux

où les cloches peuvent bien sonner
on a tout de même le temps de causer
chanson, économie, social ou poésie concrète...

ce temps va-t-il venir
dans quelques semaines
ou bien le doute
va-t-il gagner
encore
pour une année
celui qui m'accompagne
et qui est tellement doué pour une vie
au hasard des choses et des mots?

aurons-nous confiance?
saurons-nous nous la donner?

les ambiances diffèrent
les systèmes
les pays
quoique mitoyens
sont autant d'univers

les familles aussi

j'aime savoir que ta famille est là
et que ma famille nage dans la même galaxie
pas loin

à la recherche
d'autres sources d'énergie
que le contact peau à peau
avec un nouveau-né
- parce que j'ai déjà eu sept nouveau-nés -


leur présence me remplit de choses
et les regarder vivre
je veux du temps pour ça

Friday, July 27, 2007

est-ce trop?

est-ce trop?
cette petite fille qui me prend les mains
me fait tourner
danser

m'apprend qu'elle aime
me parler
avec ses mains

aime tant
faire elle-même
sa tartine
comme maman
m'a laissée faire
moi aussi
lorsque j'en ai eu envie

entendu
calmement
sans m'énerver
- stupéfiant pour moi -
une pluie de "tu vas tomber"
de leur grand-mère

qui les laisse pourtant
faire mille cabrioles
dans son salon

je donne beaucoup
d'importance aux mots

souvent trop

je tâche de m'en distancier

du moment que ces
"tu vas tomber"
soient rares

que mes petits
ne tâchent pas trop
de s'y conformer

qu'ils restent
agiles
grimpeurs
volants
enfants

dans leur peau
dans leur chair
dans leur tête

creux de la vague

depuis quelques jours
et pour encore un tout petit temps

nous avons "juste" deux enfants
deux petits
à la maison

les grands sont au camp scout,
scoute, louveteau ou baladin

on se surprend à vivre
sur un sac à dos de courses
pour deux jours

étonnamment
une grande fatigue me surprend

pas de grand rangement
rythme doux
le 7ème tome de Harry Potter est là

un creux de vague
cet après-midi
j'ai même fait une sieste

mon coeur se serait-il apaisé?
la tête qui me tournait depuis des mois
tourne encore
quelquefois
je réapprends les mots et le sommeil

je parviens à me concentrer
je suis ici, après tout
et j'écris ces petits mots

quand le téléphone
me dit
"tu m'as l'air fatiguée"
je reste sans voix
ces mots-là ne me parlent pas


j'aime
les mots légers
un sourire
merci

Friday, July 20, 2007

portrait non disponible

il faut m'excuser si la photo à l'arrière de mon livre n'est pas très réussie
lors des séances photo, nous avions fait des dizaines de clichés
de face
à la demande expresse de l'éditeur

j'étais très mal à l'aise
et je le vois sur les essais que je ne montre pas

mon tout petit bébé ne pouvait figurer sur cette photo
j'étais sensée le poser
et je le gardais en réalité contre moi
je pensais recouper la photo ensuite
ce bébé était décidément trop petit pour que je le décolle...
c'était plus fort que moi

à un moment, je l'ai tout de même passé
à son papa qui me photographiait
mais ça n'a rien donné
je n'y étais pas
être moi sur commande, je ne peux pas
je m'envole, je m'efface, je disparais
et un semblant de moi-même reste là, vide et gêné

je vois sur ces essais gardés
dans la mémoire de mon ordinateur
que je regarde à droite
à gauche
trop haut
trop bas
ou que je suis fatiguée d'être là

allergique à la pose pour des photos de face

il y a des choses
comme ça
qui remontent à la surface
et contre lesquelles on peut très peu de chose

poser de face, pour moi
c'est m'arrêter plusieurs minutes
pour que l'on prenne de moi un instantané qui est déjà passé

si je dois m'arrêter avant que le cliché ne soit pris
le malaise m'envahit

j'espère que
pour une prochaine fois
des amies ou mes enfants seront parvenus à me prendre en photo
sans m'avertir
de devant
et que ce sera réussi

je n'y peux pas grand chose
je n'aime pas prendre la pose

(du moins sérieusement

la pose décalée
c'est autre chose!)

Wednesday, July 04, 2007

être là

être ou faire?
la choix est bien là

je choisis d'être là et de faire (un peu)
avec les enfants

je leur réserve désormais le début de chaque jour
un bon moment passé ensemble
sans machine qui fait du bruit tout près de nous

ça, c'est déjà beaucoup pour moi qui, depuis des années, vais directement vers l'ordinateur pour vérifier mes messages professionnels, et cela des dizaines de fois par jour, du lever au coucher
je dois me désintoxiquer

mes enfants vont m'y aider

il faut que nous chassions les livres-remplis-d'exercices-correspondant-aux-programmes

- c'est clair -

en attendant, je savoure les échanges
les disputes
les éclats

les moments de toutes sortes

entre obligation de résultats quotidiens et refus de mettre les enfants dans une situation de stress, d'attente
je ferai donc tampon, encore une fois

les massages hebdomadaires me permettent déjà de me détendre un peu plus
les tensions sont allées se loger un peu partout en moi
elles n'ont qu'à bien se tenir!
nous les débusquerons
jusqu'à la dernière

voilà!

Wednesday, June 27, 2007

lamysterieuseenviedefairel'écoleàlamaisonpourplusieursenfantsàlafois

premier jour de cette année scolaire
sans obligation formelle d'être à l'école
pour mes garçons inscrits dans le primaire
depuis le début de l'année

premier jour
où nous ne faisons pas l'école à la maison
(pas envie de faire du copié-collé)
mais où nous défaisons des fils
pour les retricoter légèrement autrement

l'idée est de travailler une heure, une heure trente
tôt le matin
au lever
avant ou après le petit-déjeuner

et moi aussi d'ailleurs
sur les articles qui attendent
d'être bouclés

de faire un brin de ménage ensemble
et puis de sortir... sortir...
( et à nous les vélos . . . s'il fait beau!)

nous commençons par un petit exercice d'écriture libre
(mais appelé quand-même, vu que le papa flippe
rien qu'à l'idée que ses poussins n'aillent bientôt plus à l'école
c'est convenu entre nous: nous prendrons la décision finale à la fin de l'été)

après avoir longuement discuté de divers points
sur lesquels nous devions nous mettre d'accord

(pas de télé quand on se lève, ni de vidéos bruyantes
sur internet, ni d'accès à MON poste de travail
- situé au beau milieu du rez-de-chaussée -
tant que je n'ai pas fait le point sur ce que j'ai à faire
et avoir quelque peu avancé là-dedans de mon côté)

A. se fend d'une présentation écrite
d'un jeu vidéo qu'il affectionne
prose intéressante
terminaisons de passés simples aux voyelles étonnantes
et orthographe venue d'un autre monde
pas de souci :
nous reprendrons le texte à un autre moment
pour le taper
un texte ne se fait pas en trois minutes
il peut le reprendre autant qu'il le souhaite
il peut le peaufiner

le but est qu'il raconte
qu'il soit de lui
inscrit ici et aujourd'hui

N. refuse et s'enfuit à l'étage pendant deux heures :
pas grave
quand je reviendrai des courses avec sa grande soeur
il me lira
un dialogue
dans lequel un personnage explique à un interlocuteur
comment trouver des astuces pour tricher à un jeu vidéo de sa prédilection

J. a refusé aussi, ce matin
il m'a dit qu'il irait à l'école en septembre
il m'a bien fait rire, lui aussi!

il sait que son père et moi ne sommes pas d'accord
et que je compte vivre ces deux mois avec eux "pour de vrai"
comme je souhaite poursuivre le reste de l'année
alors j'y vais à fond - enfin... léger quand-même

un instituteur de leur école ayant refusé des feuilles d'exercices de maths à A. pour travailler à domicile pendant l'été - c'est sympa et ça fait toujours plaisir! - , nous attendrons la semaine prochaine pour aller quérir quelques cahiers d'exercices dans une bonne librairie

pas nécessairement pour les suivre de la première à la dernière page
de façon ordonnée, exhaustive et que je te drille à mort...

autant sauter sur les occasions vivantes qui se présentent
rapporter à la maison les tickets de caisse et vérifier les additions
calculer ensemble la surface d'un mur qu'on s'apprête à peindre ou à plafonner
pour voir de combien de litres de peinture on va avoir besoin
calculer combien de rayonnages on va pouvoir caser sur le grand mur du salon

ou encore... (mais vicieux tout de même, j'en conviens!!!)

aller voir les cahiers d'exercices de maths dans cette excellent librairie du centre ville
et calculer à combien s'élèvera le budget pour 3 garçons du primaire, un autre de 4 ans et demi qui appréciera d'avoir son carnet pour lui aussi, et une série de cahiers en papier recyclé à lignes et à carreaux (pour colorier des mosaïques et faire des tas de dessins géométriques, parce que j'aime tellement ça!)

gageons que la prise des tout premiers repères de ses frères
soutiendra grande soeur
dans son entreprise à elle

ah!
j'ai une petite balade à vélo sur le coin du gaz

et peut-être une recherche internet pour trouver quelques pistes pour les maths

Saturday, May 19, 2007

ma petite folie


IMG_1654
Originally uploaded by Photothèque Peau à Peau.


photo de Sandrine Fraikin , été 2005

ma petite folie est à présent sur pattes

nous nous promenons

main dans la main

chacune arborant

un hamac porte-bébé

en bandoulière

Monday, April 30, 2007

nourriture

qui nourrit qui?
qui me nourrit
tandis que je nourris
mes enfants?

qui s'occupe de moi
depuis tout ce temps
passé auprès d'eux
à couver mes poussins?

qui me regarde avec bienveillance
et ne pointe jamais
jamais
jamais
ce qui n'est pas net
ce qui n'est pas fait?

qui m'aime
et me supporte
moi qui ai tant de mal
à me trouver aimable?

me rend belle
- ou presque -
me fait rire
- souvent -
et m'apprend la beauté
qui se cache chez les gens?


qui perçoit les failles d'autrui
sans jamais s'engoufrer dedans
mais qui pose dessus
un regard bon et doux?

qui me donne la force
pour que je
les porte
les embrasse
et réponde
OUI
tant que je peux

afin qu'ils puissent
- si possible -
se sentir acceptés
profondément

force
soutien
que je trouve
auprès de toi

fatigue
fatigue
fatigue

vent frais

et si l'essentiel
le plus gros
le soutien

c'était hier

et s'ils étaient
construits
nos petits?
et si déjà
nous avions
un peu
réussi
à ce qu'ils
s'apprennent
des trucs
les uns aux autres

à ce qu'ils
s'aiment
les uns les autres

une sorte de tribu?

tant de besoins
instants
pressés

tant de petits
tant de moments

j'ai attendu
remis à plus tard

la couleur

la demande
de mon enfant
je l'ai faite mienne
passionnément

je serai
continuellement
entre parenthèses
enfants
sans être hors de la vie
pour autant
mais bien baignée dedans

disons que
je pourrai
peut-être (?)
souffler un peu

maintenant

afin qu'ils me portent
de temps en temps
?

et soudain
oui
- surprenant -
à cette idée
je me sens légère

la journée fut bien ronde
pleine
variée comme la terre
juteuse comme une orange

nous nous nourrissons tous
les uns des autres
à présent

Saturday, April 14, 2007

attention...

si tu ne fais pas attention
je vais te faire un enfant

euh
un post sur mon blog
un poème
quelque chose
qui sort
de moi
en respirant

un peu de couleur
ça m'arrive aussi

bref
un truc
qui sourit

si tu n'y prends garde
si tu me fais rire
si tu continues
avec tes jeux de mots
ton sourire

ça risque de sortir

Thursday, April 12, 2007

Flash forward

Monsieur
aux cheveux blancs

Il nous reçoit
elles et moi
comme il se doit
petits gâteaux
café
crème

Nous sommes en Allemagne
Si proches de la maison
C'est incroyable
Comme le paysage ressemble
A celui d'ici
Moins d'une heure de route
Vers un monde
si proche

Vers un monde
qui a tourné bien des pages
dans la thérapie
des hanches des enfants

Je me suis préparée à traduire
et
- surprise -
ce ne sont pas des mots
que je traduis
les notions
par chez-nous
sont déjà vieilles ici


Les traitements ont évolué
Les postures
Pas toujours les mots
en eux-mêmes

Mais on leur fait dire
d'autres choses
désormais

Toute sa vie
Ce monsieur a écrit
proposé des articles
publiés
ou refusés
souvent refusés

Un livre
qui ici m'amène
publicité sabotée
jalousies de collègues
livre précieux
qui au pilon
s'en est allé!


Il n'en garde pas de rancoeur
Certaines choses ont évolué
Dans l'espace où l'on parle l'allemand
Ah! barrières des langues!

Et nous devisons
de sa pratique
ses découvertes

Devant une photo
de portage
sur laquelle
nous désirons
son opinion

je lui dis
"c'est un de mes fils"

Ah?
Me répond-il
Attentif

Pour nous rendre compte
que nous avons
le même
(grand)
nombre d'enfants
un fils de plus de mon côté
et du sien une fille

Il est attentif

Bizarre
comme une rencontre
peut nous projeter
en avant

Accueillies dans
une grande maison
sise dans une prairie

Une maison
aux murs
pleins de photos d'enfants
de dessins
de vivant

Une maison
apaisée
qui
certains jours
doit connaître
grande animation

Il continue
de nous parler
cas cliniques
études
confirmation
changement de pratiques

C'est comme un flash forward
cette visite

Moi qui ai quelques cheveux blancs
qui vois mes grands
devenir
de plus en plus grands

Et cette petite
être
peut-être bien
notre dernière petite
faite à la maison

Qu'il fait bon deviser
avec des personnes
qui fondamentalement
aiment les enfants


Et qui vous accueillent
en toute décontraction
pour des discussions
sérieuses
autour des enfants
et avec une enfant
gambadant

(Et je suis bien contente
que l'étudiante
et son mémoire
qui m'amènent ici
ne parle pas l'allemand

et que j'aie dû plonger
dans le sujet
en immersion
tout simplement)

Wednesday, April 11, 2007

Bon anniversaire

assise à mon bureau
à deux mètres
de l'endroit
qui t'a vu naître

me voici
pour te souhaiter

12 autres années
pleines
qui roulent
et qui s'envolent

que tu ne vas pas
pouvoir
garder pour toi

mais qui
comme
tes longs cheveux
qui suivent le vent

feront
que tu es bien vivant

matière à réponse

à quatre pattes
au sol
assise
dans l'eau
ou encore
debout

lorsque ton petit corps
s'en va du mien
et que
le mien
tressaille

la réponse
du support
auquel
je confie ce moment

est tout



à peine libérée
des postures
et d'un environnement
formatés
pour vivre
notre séparation
d'amour

j'ai erré
erré
quelques années
dans le no-man's land
moelleux
des canapés et autres
lits immenses
qui ne m'offrent
pas de réponse

lorsque mon corps
contenant ton corps
se tend
se tord
et se distend

lorsqu'il appelle
en moi
et pour toi
et pour moi
une sérénité
que je n'ai pas

je ne peux
la puiser
dans les ressorts
aléatoires
qui me séparent
du sol


miracle
les pieds au sol
il y a cet instant

mes jambes
peuvent
jouer leur rôle

me suspendre
en l'air

et te laisser
descendre

et s'ouvre
tel un OUI
mon corps
pour que tu vives

sans me perdre
moi-même
sans me déchirer

sans nier
qui je suis
et sans te détester
dans la colère

sans refuser de vivre
pleinement ce moment

enveloppée du OUI
que m'a dit
un matin de novembre
une femme sage
qui sait
ce qu'ancrage dans le sol
veut dire

ce OUI
me fut offert
par une femme
une mère
et
je l'ai pris
pour moi
oui
pour une fois,
un oui

quelqu'une
me connaissait
faisait signe
me prenait
dans ce moment-là
où je me révoltais
de ne pouvoir
lâcher prise

j'avais faim
d'être prise
regardée en OUI
et lâchée
d'un OUI

OUI
qui me disait
qu'elle m'entendait
me souhaitait
bonne naissance

ma vie
ce jour-là
a tourné
a compté
plus de vie
moins de survie -malaise

un peu plus d'action pour
et moins contre

désormais
elle m'avait dit OUI
et le sol
lui aussi
répondait

Tuesday, April 03, 2007

Prends ton temps

été 2005


prends ton temps
bébé
ma petite fille
prends ton temps
bébé
mon petit gars

je ne sais pas
ce que tu es
seras

tu es là
c'est assez pour moi

vois
je ne suis pas seule
à t'attendre

écoute
tous ensemble
depuis des semaines


nous le savons:tu peux naître
à toute heure
du jour ou
de la nuit

au coeur de ce mois
chaud
au coeur cet été
on est tous là pour toi

pas d'horaire de fous
à courir tout partout

c'est ton été à toi
au temps mou

élastique

ton papa

près de nous
qui s'occupe de tout

ton grand frère en bas
commence à s'y connaître

en glaçons parfumés
au thé et au jus que j'aime

quand tu me lances
une alerte (pas si fausse que ça)
je me glisse dans l'eau

ils m'apportent des glaçons

un plaisir raffiné

pied de nez aux douleurs

qui sont là pour m'aider

à te laisser

t'en aller de moi

un autre grand frère à toi
me masse
la tête, les épaules
les pieds et les jambes

ta grande soeur
est là
assise près de moi
simplement

et lorsque nous sommes
en silence
dans la salle de bains
nous n'avons pas besoin de mots
je suis heureuse qu'elle puisse
apprendre cela de cette façon-là

le temps passe lentement
en t'attendant
tous ensemble

toi

sens-tu le rythme de leurs pas?

tes trois petits grands frères

font la nouba

près de moi

au son de la musique

que j'aime

dans la pénombre de la salle de bains

salle de naissance-discothèque

snack bar

où bientôt

tu atterriras

(mais cela

je l'ignore lorsque je t'attends

n'ayant pas décidé

formellement

à l'avance

à quel endroit de la maison

tu débarquerais

ensuite, oui

tu as choisi

sans ôter ton chapeau

te voilà

mon bébé de la baignoire

après un bébé du salon

deux bébés de mon lit

et un né au sol, dans ma chambre)


prends ton temps
mon petit
ma petite

qui n'en finis pas
d'attendre pour s'annoncer
au creux de cet été

avant que tout ceci ne s'éparpille

que le temps ne reprenne

sa course

trop rapide

tu m'as fait entrevoir

en venant en cette saison

ce que peut être la vie en famille

tout simplement

la vie où l'on fait plein de choses

en famille, tout simplement

l'horizon avec toi s'est élargi

cet été-là

Wednesday, March 28, 2007

Une tribu fait des petits plats

Mixons gaiement
Petits garçons
et petite fille

oeufs
chocolat
fromage
et p'tits lardons

les quiches d'abord:
à celui qui fera
le plus grand nombre
de picots
à la fourchette
dans sa pâte

avec autant d'application
que Franquin
noircissant un fond noir
à l'encre de chine

tout un art!!!


le gâteau au chocolat ensuite

l'un mélange le chocolat
la crème
sur le feu
l'autre sépare les jaunes des blancs

un petit mélange les jaunes
un grand bat les blancs en neige
le tout se retrouve mêlé
comme par enchantement

et enfourné, vite fait

il faut dire que
mon amoureux
nous a construit
une cuisine sans portes

et c'est un régal
de tout attrapper
en un clin d'oeil

des ciseaux? hop là
de la farine? c'est ici
une petite sauce pour la salade?
pas de problème

jus d'orange
héhé
huile d'olive
sel
moutarde

mon petit gourmand en reprend!

moi qui ai
auprès de mes enfants
la réputation de ne pas savoir cuisiner
mais alors là, pas du tout du tout

je crois
que j'avais besoin
de découvrir
ce plaisir

merci à ma cousine
dont j'ai retrouvé hier
le livre de recettes végétariennes
ultra simple
que je peux enfin mettre en pratique

en tribu

je crois que je l'ai touché
ce soir

la dernière quiche du jour
sort tout juste du four

hmmmmmmmmm

Tuesday, March 20, 2007

youyouyou

telle est
ton interprétation
d'un
"I love you"

que ton frère aîné
à voulu enseigner
à Link
l'avant dernier

tes oreilles traînent
traînent

laisse traîner
ma fille

choie ce qui tombe
dans tes oreilles

au creux de l'instant
ici
maintenant

c'est ainsi
que tu peux
le comprendre

Monday, March 19, 2007

Comment j'ai sauté à pieds joints sur un paquet de chips

l'un mange
un grand paquet de chips
qu'il vient d'aller s'acheter
- en douce -
pour lui tout seul

son frère
lui en demande
une fois
deux fois
trois fois

or donc
il dit oui - il dit oui - il dit non
il dit décidément non

mon enfant du milieu
nargue
d'un air innocent
violent
son aîné
du haut
de son paquet tant aimé

déjà
son aîné
énervé,
riposte
il l'a frappé


je n'y tiens plus
je bous

j'attrappe le sachet
je saute dessus à pieds joints
avec la ferme intention
d'en réduire le contenu
en miettes si petites
qu'on ne pourrait espérer
les prendre en main

surprise!
je n'ai pas le temps
de poser
feu le sachet de chips
à la poubelle

que chatouillent mes oreilles
les rires chauds des frères
qui s'ébattent
gaiement
dans un tout autre jeu

Bien m'en prit!

Je tiens à m'excuser auprès
de ces demoiselles
les chips, que j'apprécie
de façon ponctuelle
mais non feinte.
Ca c'est sûr!

Pour une fois
le grand
n'a pas fini en larmes
en me reprochant
de ne pas VOIR
ce que lui faisait son cadet
avec un air suprême
de ne pas y toucher du tout du tout du tout du tout du tout du tout du tout ...

Tuesday, March 13, 2007

Promenons-nous...

Promenons-nous
dans les bois

pendant que le loup n'y est pas
(le loup est sous la couette)

si le loup y était,
il nous mangerait

mais comme il n'y est pas
il nous mangera pas

Loup y es-tu?

Oui (de dessous la couette)

Que fais-tu?

Je mets ma culotte



Promenons-nous
sous la couette

Soyons enfants
loups à la fois

à tour de rôle
chantant, répondant

Faisons du "tous sous la couette"
Une bande de loulous, c'est chouette



C'est la solution que j'ai trouvée hier soir
Après avoir tenté de leur lire une histoire
tandis qu'ils faisaient du kung fu
sur mon lit

Tentative d'accord

Quelque part
nous nous sommes retrouvés
dans une même histoire

Friday, March 09, 2007

je suis petite, mais je me soigne

ce soir
ma demoiselle s'est fait mal
de plus, elle a des rougeurs
de couches (trop de couches)
portées ces derniers jours

alors elle se penche vers mon sein
l'attrappe

je crois qu'elle veut téter
mais non

la voilà qui,
de ses 18 mois,
envoie du lait
sur ce qu'elle veut soigner

alors
je l'aide
d'un jet
maternel
plus précis
de mon lait

quelques jets
lui suffisent

se faire du bien
ça a du bon

Thursday, February 22, 2007

au pas, au trot, au gras dos

toi sur mon dos

moi
au pas

moi
au trot

moi
au gras dos

Non,
tu n'es pas
Nid de Koala

Tu es
E.

Tu me fais avancer
telle
un cavalier
sa monture

première fois

première fois
qu'un enfant
me fait aller
vite au pas

vite

en se faisant aller
si longtemps
sur mon dos

tel
un cavalier
en action
réaction
rigolant
les cheveux au vent

et moi
qui partais
faire une prise de sang
je me retrouve
revigorée
par TOI

Wednesday, February 21, 2007

miam ce matin

" maman,
il est bon
les deux laits
de toi "

Friday, February 16, 2007

ce soir

deux frères
se disputent

conflit

d'où cela est-il parti?

il se lancent
quelques mots
quelques jouets aussi

et cela se termine
en

câlin
l'un contre l'autre
serrés

en

"je suis désolé"

et je les regarde
j'allaite leur petite soeur
et peux difficilement
intervenir

est-ce bon ou pas?

parfois j'aimerais
pouvoir bondir
pour les protéger
l'un de l'autre

parfois
je crois que c'est bon
qu'ils puissent
laisser mûrir
ensemble
ce conflit

pour arriver
à la cerise
sur le gâteau

les mots d'amour
qu'ils s'échangent
au final

mots que
je n'ai pas demandés

qu'ils ne sont pas
forcés à prononcer

mots sincères
qui rabibochent
les frères

27 mois

mais on dit 18

oui 18 mois
que tu es là

et tu en sais
plus long
sur les rapports humains
que moi à 20 ans

ma chérie

car

tu sais
toucher
doucement
fermement
et
les deux à la fois

te laisser
prendre
dans les bras
tout en me prenant
dans les tiens

comme
tu me fais du bien

grande
et
petite
à la fois

et si
je te laisse
me regarder

tout au fond des yeux
où tu me regardes
d'un air doux
malicieux
d'un air qui sait
et qui dit
en un rayon
de lumière

je me sens
dans ton regard
bien
regard
qui dit
tellement
sans rien
dire
mais qui sait
tant de choses
que l'on ne dit pas
par ici

où l'art avec lequel
un petit enfant
use de ses muscles

où la façon qu'il a
de vous alpaguer
d'un regard clair

où sa douceur
et sa joie

semblent si peu compter

au profit
d'une autonomie
solitude
qui arrange
ceux qui
ne connaissent pas

la lumière de ces yeux-là

Thursday, February 15, 2007

comme quoi?

comme un carré blanc
sur fond blanc

un ramoneur dans la nuit

ou un Rothko
sur un mur à rayures

je sens ta main
sur la mienne

ou

je sens
en moi
ce que ton frère
doit sentir

lorsque
ta petite main
se déplace
doucement

sur le poignet
de ton frère

tandis que vous tétez
ensemble

côte à côte
à chacun son sein

mâchouillant
goûlument
en lâchant
peu à peu
toute tension

- vous fondez -
et je fonds
moi aussi

vous intégrant
qui accroché
qui affalé
qui en boule
tombé là

chauds
épousant
les formes
l'un de l'autre
et de moi
également

nous voilà
fondus
en un
tout tétant-tété

cet après-midi

heureusement
après

puisqu'il y a un "après"
il me restera tes/vos baisers
pour lesquels
tu mobilises/vous mobilisez votre corps

lorsque tu appuies/vous appuyez
fort
et doucement
à la fois

tes/vos lèvres
un regard
un instant de silence
pour (ne pas) dire "je t'aime"
juste pour l'ex/imprimer

Wednesday, February 14, 2007

peur

celle qui te tenait
nous a séparées

moi
je croyais
que tu me craignais

et

c'était
autre chose
qui te faisait peur

et j'avais peur
de te faire peur

bref:
peur j'avais

on est bon conducteurs!
à se faire peur

mais tu l'as posée
et j'ai senti

un autre regard
moins effrayé
chez toi
chez moi

quelque chose
qui passait

enfin
ouf!

tête blanche

vide
confuse
compliquée
emmêlée

coeur
qui bat trop vite
et qui me dit
de tout ralentir

ralentir
ramollir
le temps fond
se déforme

les mots
n'obéissent pas
quand
je vais
à la pêche

alors

je tente
le coup
un mot par-ci
un mot par-là

histoire de vérifier
qu'ils
ne me laissent
pas
totalement
tomber

tomber

tombent
tombent
les mots

s'il n'est pas
trop tard

tombent
tombent
les mots

si j'ose
dire
écrire
penser

un peu
encore

dans
un
brouillard
si
rose

Tuesday, January 30, 2007

tapisser

idées
je manque d'idées

pour tapisser
les murs de nos WC

je n'ai pas d'emprunts russes
comme ma marraine
qui
lorsque j'étais enfant
en avait tapissé
les murs
du lieu
où l'on trône

grand-papa
aurait dû
en acheter
un peu plus!!!

son mode de vie
envolé
dans un papier peint

longtemps
il a enfilé
un habit
avant de passer à table

restes d'un temps passé

et
tour à tour
se faisait jardinier
faisait pousser
fruits et légumes
pour sa nombreuse famille

homme mystère
pour moi
qui suivis le cortège
suivant son corbillard
lorsque j'avais 7 ans

étudiant dilettante
étudiant à vie
lecteur assoiffé

seigneur en guenilles
dont les photos pâlissent
où je le vois encore

en vacances en famille
port haltier
basanné

petit enfant
qui a dû se débrouiller
pour grandir sans maman

père présent
démuni
mais bien là
dans ses rêves
ses livres
ses prières

à quoi rêvait-il donc?

Monday, January 29, 2007

fête

c'est la fête
à la lessive

deux mois
sans machine

et là

une GROSSE machine
8 kg

suivre
accrocher

mais on m'aide

et je retrouve
qui un slip-dinosaure
sur un grand ceintre en bois

qui un essuie de cuisine
(torchon si vous êtes en France)
sur un ceintre en métal

les petites mains
sont les plus secourables

Wednesday, January 17, 2007

déménageons

mais déménageons bien

le bureau à la place du salon
le salon à la place du bureau

le bureau
- enfin - en périphérie
et non plus au centre de la pièce

bureau sur lequel je retrouvais toujours
des sacs de piscine
sacs de gym
peaux de bananes
bols de céréales vides
agendas
bics épars
une montagne de choses urgentes et insignifiantes

exit donc
mon bureau
au bout du rez de chaussée

du coin de l'oeil
je pourrai surveiller
ma couvée

qui déposera désormais
ses trésors
légos en tous genres
ailleurs que sur mon petit territoire à moi

j'aime quand ça déménage
c'est un signe de clarté
parfois
dans ma tête

je bouge quelques meubles
ça fait beaucoup de bien!

et hop
on récupère des meubles
qui prendront ici un nouveau départ
et d'autres s'en iront dans l'atelier
ou je ne sais où encore

ils valsent
ils aiment ça

----

j'ai en mémoire
une rencontre
où j'avais eu la chance
de recevoir
quelques rudiments de feng shui

là, on nous a expliqué
que le premier coup d'oeil compte
ce que le visiteur perçoit en premier
est d'une grande importance
il faut l'épater
le séduire
et le mettre à l'aise
si j'ai bien compris

et cela fait des années que nous vivons
en dehors de toutes règles
au niveau organisation, rangement...

le tumulte de nos esprits savamment mariés
a donné naissance à un espace sauvage
où nous laissons
depuis des années
libre cours à la vie des objets

j'éprouve un besoin
de pouvoir tout avoir à portée de main à tout moment
et que mes enfants puissent, quant à eux,
m'avoir à portée de main quand ils jouent entre eux

ce qui donne depuis longtemps
un espace joyeux
où le visiteur est très vite perdu
où je retrouve à peu près tous mes jeunes
le matériel de bricolage
tout ce qu'il faut pour réparer des vêtements
ou pour faire du courrier
pour répondre au téléphone
ou faire mes mails

c'est un peu comme si je n'avais pas su
mettre de priorités
aller à l'essentiel

je ne pouvais absolument pas
me résoudre à renoncer à l'une ou l'autre chose

je me retrouve nez-à-nez avec
un morceau de jouet de mon enfance?
impossible pour moi de le jeter
je le repousse en haut d'une étagère

---

me voilà
en route
pour remiser mes nombreux poetits tiroirs en carton
recelant mille et un accessoires si pratiques
et qui pourtant me servent si rarement
dans un coin moins perceptible du visiteur entrant
dans la pièce où notre famille vit principalement

on ne pourra les percevoir que de côté
on pourra tout au plus les deviner
et peut-être même qu'un tissu coloré
sera accroché devant
qui sait?

je me tâte

l'espace encombré d'objets que l'on garde
perd de sa liberté
de possibilités

alors???

si j'héberge des meubles
ou des fringues
pour une seconde vie
dans une nouvelle famille

si je n'ai pas trouvé
un amoureux de toute première fraîcheur
qui cependant s'est avéré
un partenaire surprenant

rassurant
parce qu'il m'a permis de quitter une vénération des objets quasi religieuse
pour aller vers une accumulation de livres qul'on ne vénère pas, mais
que l'on lit
triture
lit et relit
reprend là où l'on veut
et laisse tomber
quand on le souhaite aussi

rassurant
peut-être parce qu'avec sa non-carrière
il ne risquait pas d'être muté dans toutes les grandes villes d'Europe
tous les trois ans
et que donc j'ai cru que nousp pourrions vivre tranquilles
avoir des amis le temps que les amitiés dureraient
et pas le temps d'attendre une autre mutation

oui
lui et moi
avons maintes fois déménagé
avec nos parents reslepectifs

à présent
on se contente de déménager sur place
en rond
en long et en travers

un coup j'accouche au rez de chaussée
trois coups au premier
et un à l'entresol
comme en pied de nez

je ne sais pas encore à quel étage je mourrai
pardi
sera-ce dans la maison
ou ailleurs
avant lui
après lui
avec lui
comme les parents des Méganazes
(que je vous conseille, lecture ébourriffante!!!)


rassurant
oui
parce qu'il ne fait pas de carrière
parce que je ne fais pas de carrière non plus

je n'ai jamais été "nommée" dans une école
"voilà, jusqu'au bout, vous enseignerez ici,
c'est écrit ici, là-haut, c'est écrit partout, vous restez chez nous"

non

les carrières me font peur
celles qui vous coupent de tout tous les trois-quatre ans
comme celles qui vous figent au même endroit, tout le temps

non
je crois que j'aime assez
l'image du jocari
ce jeu auquel je jouais, enfant
sur la digue, à la mer

Il y avait un socle en bois
auquel était attaché un élastique
avec, à son bout,
une balle qui rebondissait.

Elle revenait toujours dans son socle.
Mais elle bougeait pas mal
lorsque je jouais.

Je n'aimais vraiment pas lorsque le noeud
de l'élastique se défaisait du crochet attaché de dans le socle.
Je ne pouvais plus jouer.

Alors voilà, je joue, je saute, je bondis,
comme ma balle de jocari.
Nouvelle disposition.
Une nouvelle saison.
Un peu plus de respiration.
Mon petit fouillis un peu plus en retrait
sur le côté quand on entre

histoire de voir plus clair
dans ma tête
ma vie
ma maison

de dégager de l'espace et du temps
pour autre chose que ce travail
envahissant
que je déplace doucement


et je crois que je vais me plaire ici oh oui