mais déménageons bien
le bureau à la place du salon
le salon à la place du bureau
le bureau
- enfin - en périphérie
et non plus au centre de la pièce
bureau sur lequel je retrouvais toujours
des sacs de piscine
sacs de gym
peaux de bananes
bols de céréales vides
agendas
bics épars
une montagne de choses urgentes et insignifiantes
exit donc
mon bureau
au bout du rez de chaussée
du coin de l'oeil
je pourrai surveiller
ma couvée
qui déposera désormais
ses trésors
légos en tous genres
ailleurs que sur mon petit territoire à moi
j'aime quand ça déménage
c'est un signe de clarté
parfois
dans ma tête
je bouge quelques meubles
ça fait beaucoup de bien!
et hop
on récupère des meubles
qui prendront ici un nouveau départ
et d'autres s'en iront dans l'atelier
ou je ne sais où encore
ils valsent
ils aiment ça
----
j'ai en mémoire
une rencontre
où j'avais eu la chance
de recevoir
quelques rudiments de feng shui
là, on nous a expliqué
que le premier coup d'oeil compte
ce que le visiteur perçoit en premier
est d'une grande importance
il faut l'épater
le séduire
et le mettre à l'aise
si j'ai bien compris
et cela fait des années que nous vivons
en dehors de toutes règles
au niveau organisation, rangement...
le tumulte de nos esprits savamment mariés
a donné naissance à un espace sauvage
où nous laissons
depuis des années
libre cours à la vie des objets
j'éprouve un besoin
de pouvoir tout avoir à portée de main à tout moment
et que mes enfants puissent, quant à eux,
m'avoir à portée de main quand ils jouent entre eux
ce qui donne depuis longtemps
un espace joyeux
où le visiteur est très vite perdu
où je retrouve à peu près tous mes jeunes
le matériel de bricolage
tout ce qu'il faut pour réparer des vêtements
ou pour faire du courrier
pour répondre au téléphone
ou faire mes mails
c'est un peu comme si je n'avais pas su
mettre de priorités
aller à l'essentiel
je ne pouvais absolument pas
me résoudre à renoncer à l'une ou l'autre chose
je me retrouve nez-à-nez avec
un morceau de jouet de mon enfance?
impossible pour moi de le jeter
je le repousse en haut d'une étagère
---
me voilà
en route
pour remiser mes nombreux poetits tiroirs en carton
recelant mille et un accessoires si pratiques
et qui pourtant me servent si rarement
dans un coin moins perceptible du visiteur entrant
dans la pièce où notre famille vit principalement
on ne pourra les percevoir que de côté
on pourra tout au plus les deviner
et peut-être même qu'un tissu coloré
sera accroché devant
qui sait?
je me tâte
l'espace encombré d'objets que l'on garde
perd de sa liberté
de possibilités
alors???
si j'héberge des meubles
ou des fringues
pour une seconde vie
dans une nouvelle famille
si je n'ai pas trouvé
un amoureux de toute première fraîcheur
qui cependant s'est avéré
un partenaire surprenant
rassurant
parce qu'il m'a permis de quitter une vénération des objets quasi religieuse
pour aller vers une accumulation de livres qul'on ne vénère pas, mais
que l'on lit
triture
lit et relit
reprend là où l'on veut
et laisse tomber
quand on le souhaite aussi
rassurant
peut-être parce qu'avec sa non-carrière
il ne risquait pas d'être muté dans toutes les grandes villes d'Europe
tous les trois ans
et que donc j'ai cru que nousp pourrions vivre tranquilles
avoir des amis le temps que les amitiés dureraient
et pas le temps d'attendre une autre mutation
oui
lui et moi
avons maintes fois déménagé
avec nos parents reslepectifs
à présent
on se contente de déménager sur place
en rond
en long et en travers
un coup j'accouche au rez de chaussée
trois coups au premier
et un à l'entresol
comme en pied de nez
je ne sais pas encore à quel étage je mourrai
pardi
sera-ce dans la maison
ou ailleurs
avant lui
après lui
avec lui
comme les parents des Méganazes
(que je vous conseille, lecture ébourriffante!!!)
rassurant
oui
parce qu'il ne fait pas de carrière
parce que je ne fais pas de carrière non plus
je n'ai jamais été "nommée" dans une école
"voilà, jusqu'au bout, vous enseignerez ici,
c'est écrit ici, là-haut, c'est écrit partout, vous restez chez nous"
non
les carrières me font peur
celles qui vous coupent de tout tous les trois-quatre ans
comme celles qui vous figent au même endroit, tout le temps
non
je crois que j'aime assez
l'image du jocari
ce jeu auquel je jouais, enfant
sur la digue, à la mer
Il y avait un socle en bois
auquel était attaché un élastique
avec, à son bout,
une balle qui rebondissait.
Elle revenait toujours dans son socle.
Mais elle bougeait pas mal
lorsque je jouais.
Je n'aimais vraiment pas lorsque le noeud
de l'élastique se défaisait du crochet attaché de dans le socle.
Je ne pouvais plus jouer.
Alors voilà, je joue, je saute, je bondis,
comme ma balle de jocari.
Nouvelle disposition.
Une nouvelle saison.
Un peu plus de respiration.
Mon petit fouillis un peu plus en retrait
sur le côté quand on entre
histoire de voir plus clair
dans ma tête
ma vie
ma maison
de dégager de l'espace et du temps
pour autre chose que ce travail
envahissant
que je déplace doucement
et je crois que je vais me plaire ici oh oui
Wednesday, January 17, 2007
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