Friday, November 20, 2015

Si

vous saviez
à quel point la pensée
est puissante

vous choisiriez chaque mot
chaque pensée
avec autant de minutie
que lorsque vous vous préparez
devant le miroir
avant de revoir
quelqu'un
qui vous amène
à être au top de vous-même


tout est énergie
tout est dans l'air

et personne
je dis bien absolument personne
ne peut vous prendre une idée
quelle qu'elle soit

parce que si vous l'avez
c'est qu'elle est là
suspendue
jusqu'à ce que certains
certaines
l'expriment
la manifestent
lui donnent forme matérielle
la rendent palpable
manipulable à foison

rien n'est à vous
tout flotte
tout circule
tout complote
absolument
en toute amitié

tout est là
pour jouer
et rejouer
sans cesse
les jeux nécessaires
à votre avancement
à l'apprentissage

comme on apprend à marcher
à tenir une cuiller
à reconnaître un goût
ou à humer un parfum familier
comme on dialogue en contact
dans une chaleur qui fait du bien

le jeu
c'est d'oser
tels des fous
revenir encore se frotter
à cette illusion

et d'être surpris
surprise
encore et encore
parce qu'on est là pour du neuf
pas pour retenir les leçons
mais apprendre encore
en s'y frottant vraiment

l'être n'est pas là pour comprendre
mais pour interpréter
pour donner sa version
d'une chanson sans cesse rechantée

tout est choix
à chaque instant
la pensée

Thursday, November 19, 2015

Quand

 photo Sandrine Fraikin

tu envoies à tout va un message
pour proposer des ateliers
à plein de gens
et qu'au bout de longs mois
tu reçois
"madame, nous sommes intéressés".

Friday, October 09, 2015

Sur



photo Sandrine Fraikin 
 
huit ouistitis
ça m'en fait trois aujourd'hui
qui ont tété chacun sept ans

en parallèle avec
le précédent
et/ou le suivant

numéro huit a rejoint désormais
numéro quatre
et son suivant
le cinquième
monsieur Zen

certains prennent vraiment leur temps
pour savourer

moi j'aime



Sunday, September 27, 2015

C'est



une chanson
que j'aimais écouter
il y a longtemps

Marlene
Marylin
dans plusieurs langues
j'aimais beaucoup ça

un texte qui dit
qu'elle craint le bonheur
car
s'il arrivait
le malheur pourrait lui manquer

je me sens loin de ce texte aujourd'hui
et je sais
oui je sais
que j'ai vraiment senti ça
en moi
il y a des années

la crainte
d'être séparée
de tout un tas de tristes idées
qui étaient en moi

le désir
de voir résolues des questions
mais pas trop vite
pas toutes à la fois

c'eût été
m'avait-il semblé
bien trop violent
d'avoir à changer ma façon de penser
trop rapidement

le chemin est long parfois
pour nettoyer sa propre pensée
accepter la joie


j'ai beaucoup aimé cette chanson
c'est sans doute
celle que j'ai le plus aimée

pas la première d'elle que j'ai chantonnée
puisque j'ai connu Lili Marlene
au cours d'allemand au Lycée

celle-ci me croisa lorsque j'avais 20 ans
dans une mise en scène
et cet air s'accompagnait d'un pas de danse
que nous effectuions à plusieurs

nous étions une bande de prisonnières
échappées d'une prison
nous dansions
dans des ruines imaginaires
sur cette chanson

la pièce s'appelait
Lovely Rita
de Thomas Brasch




il y avait aussi
J'ai sauté la barrière hop là
de Johnny Hess

qui définit si bien ce que je vis
aujourd'hui

puisque si la lourdeur s'empare de moi
et m'immobilise parfois de fatigue
mes idées sont
quant à elles
claires
là où elles furent longtemps si brumeuses
concernant mes choix

les choses se téléscopent parfois
j'avais commencé à répéter un spectacle en anglais
Passion, d'Edward Bond
et j'ai finalement d'abord joué dans deux autres spectacles
avant que le premier ne voie le jour

Karl Valentin m'a rattrappée
avec sa lettre d'amour
un monologue que je faisais en début de spectacle
assise en tutu romantique
immobile
sous un projecteur
tandis que les spectateurs entraient dans la salle
quand plus personne ne bougeait ou presque, je m'animais

et je lisais une lettre
incohérente
que j'aurais pu lire plus tard à diverses personnes
- je ne me connaissais pas encore
j'avais 20 ans j'étais petite
mais elle me définissait
sans que j'aie pu le pressentir
fichue lettre ! -

le monologue
c'est moi
si souvent
c'est mon sort

aimer s'exprimer en public
tout en étant timide
écouter les autres pendant des heures
et me retrouver seule pour écrire

tel est mon paradoxe

une scène que j'ai jouée des dizaines de fois
- en français en début de spectacle
en impro en allemand à la fin -
et la dernière fois
il y a 22 ans
avec une toute petite fille nouvellement arrivée
dans mes bras
qui participa aux improvisations
de fin de spectacle

maintenant
mes enfants ne m'écrivent pas
lorsque je leur écris

à leur tour
de me renvoyer du silence
puisque j'ai loupé un coche
puisque j'ai commis des maladresses

puisse cette douleur
s'apaiser
comme toutes les autres
et devenir si légère
et ne plus me mouiller immanquablement les yeux
lorsque j'y pense

ils sont nés de ça
de ces spectacles
éclairages
de ces voyages improbables
en camionnette
à travers l'Europe

il y a encore des barrières à passer
mais faut-il que je cesse d'écrire
pour parvenir à dialoguer ?
l'un exclut-il forcément l'autre ?

comme on se parlait difficilement chez moi
le soir
je m'épanchais dans des cahiers

alors j'ai appris ça
le dialogue sur du papier

ça n'aide pas franchement
dans les situations courantes
et je vois
tout autour de moi
tout plein de gens
qui se sortent admirablement
de situations dont je ne me sors pas

parce que j'ai trouvé refuge
dans des cahiers
à l'âge où l'on apprend l'art du dialogue

je n'ai pas connu l'alcool
ou la drogue

juste des mots
sur une scène
qui me faisaient virevolter

et ces voyages
la vie de troupe
avec parfois des personnes compliquées à supporter
- et vice-versa -
furent une merveilleuse école

oh il n'y a pas de document officiel pour attester de tout cela
de vieux programmes
quelques photos
des phrases qui reviennent parfois

tel pays traversé avant que la guerre n'y éclate
telle ville avant que la terre y trembla
des visages qui ne revinrent pas en festival

pourquoi écrire ça ce soir ?
parce que j'aime profondément les paradoxes






Sunday, September 13, 2015

J'ai



fait
un rêve
cette nuit

j'étais enceinte
et sur le point d'accoucher

je n'étais pas la seule d'ailleurs
mais pour moi
c'était le moment

il allait sortir
ce MOT

car j'accouchais d'un mot
je l'ai compris au réveil

et il n'y avait pas de sage-femmes ici
capables de m'accompagner
pour laisser paraître ce mot
de moi
à la surface

il fallait que j'aille ailleurs
pour cela

il y en avait

voilà ma vérité
les enfants
et les mots

nous les femmes sommes là pour ça

en même temps
je devais tourner une vidéo
mais je pleurais beaucoup

rien n'était en place
et puis ça a tourné quand-même

Wednesday, September 09, 2015

Vivre



“These then are some of my first memories. But of course as an account of my life they are misleading, because the things one does not remember are as important; perhaps they are more important.”
― Virginia Woolf, Moments of Being



voir arriver la mer devant soi
grande
qui vous dépasse

se souvenir
subitement
avoir traversé
des tempêtes
et des plaines

recevoir cette fougue
se mettre en position
pour l'accueillir

accepter
remercier
qu'elle soit là

oui
car cette mer
nettoie
et enlumine
ce qu'elle traverse

j'aime ça

Monday, September 07, 2015

Merci


d'envoyer
de la paix
à tous mes poussins

Journée

photo Florent Sluys
apaisante
où l'on sort toute la cargaison
ou presque
de porte-bébés qui restent
dans ma maison

où tous les duplos roulent sur le tapis
à côté des puzzles
des canards à roulettes
et que 
de leur côté
les Playmobils plongent dans la piscine
en glissant sur le toboggan

journée 
douce
journée normale
au rythme de la sieste
et des tétées d'un tout-petit

journée
pour rire
et pour danser aussi

Saturday, September 05, 2015

Spécial

fête

ce jour

la smala
van den Peereboom
se réunissait
pour fêter l'un des siens
qui a quatre fois vingt ans aujourd'hui

et comme souvent
il a célébré une messe
- puisqu'il est prêtre -
pour nous tous assemblés

tous les cousins n'étaient pas là
mais beaucoup beaucoup

c'est lui qui nous a presque tous baptisés
ou mariés

c'est avec lui que j'aime parler étymologie
car il fut prof de latin-grec

j'ai beaucoup aimé ce moment
dans une grange de Rixensart changée en église
dans laquelle j'ai des souvenirs d'enfant
de messe de minuit
sous la neige épaisse

je ne sais pas ce qui a pris à mon oncle aujourd'hui

j'étais arrivée un peu en retard
avec les petits d'entre mes petits

plein de rôles avaient été répartis
ceux qu'il appelle affectueusement des petits canaris
petits neveux et nièces
l'aidaient chaque fois qu'il le leur demandait

des cousines, mon petit frère avaient des lectures prêtes
des chants et des musiques à interpréter
avec une grande douceur

et voilà qu'arrivé à l'évangile
il demande si quelqu'un a envie de le lire pour lui
et ma main se lève toute seule

j'y vais
je lis
fort
posément
en faisant de nombreuses pauses
comme j'aime

un petit cousin tient un grand cierge à ma gauche
il fait ça très sérieusement 

plus tard
mon oncle me remercie d'avoir fait cette lecture
je réponds : avec plaisir
il me dit : j'ai vu !

oui
c'est un grand plaisir
et j'ai même mangé du gluten à la messe
et je me suis dit zut !

ça m'arrive une fois par an à peu près
je n'éprouve plus le besoin de faire partie d'une assemblée comme il y a longtemps

parce que nous sommes chacun sur notre chemin à bien des moments particuliers
la spiritualité est si personnelle
les textes si nombreux

je n'éprouve plus le besoin d'une organisation
pour le ressenti de mon coeur qui bat
qui sent
qui frémit

mon coeur s'organise tout seul

pourquoi ai-je lu ?
est-ce qu'il faut justifier le plaisir ?

je crois surtout qu'il se partage

j'apprends à recevoir des cadeaux

 

Friday, September 04, 2015

Une

journée
pour prendre l'air
largement

faire le tour des endroits qui me font vraiment du bien
et
en sortant de chez Pêle Mêle
m'éclater
le front et le genou gauche en plein dans la porte vitrée

me retrouver dans les bras d'une dame
les yeux fermés
rire les yeux fermés
l'entendre dire qu'elle croit
que je n'ai rien

je lui dis que
si
j'ai mal
mais je ris

remonter m'affaler dans un fauteuil orange en skaï
recevoir des glaçons d'un gentil libraire
me détendre
et me rappeler que demain
je fais des photos
(et que donc ce sera super !)

je sors
la pharmacie juste à côté a de l'arnica
j'en prends une forte dose

et ce soir
j'ai la bosse au front

le plus drôle c'est que
deux minutes plus tôt
juste avant de passer à la caisse
j'avais visualisé des clous qui s'enfonceraient utilement
tout autour de mes semelles de chaussures
dans le sol
afin de garantir mon contact avec ce sol justement

et paf
voilà mon voeu exaucé
en quelque sorte

je suis restée sur place
un moment

ça ne m'a pas empêchée
ensuite
d'aller faire un tour
de robe-thérapie
dans une rue que j'aime
et où j'en trouve souvent que j'apprécie

de mieux en mieux
de retour dans ma ville
j'ai rencontré mon neveu
pour la toute première fois !

j'ai mangé avec ma maman, mes frères, ma belle-soeur
pendant que mes neveux jouaient

ça n'était arrivé depuis des années
en cette configuration : jamais

j'ai beaucoup aimé cette journée
au cours de laquelle j'ai respiré
donc écrit aussi

il est des jours
où je me rencontre

c'est étrange

et ça me fait du bien que l'on rie de moi
quand les mots dansent
à l'intérieur





Saturday, August 29, 2015

S'


 photo Sandrine Fraikin
il y a
dans la vie
des moments
où l'on se demande
pourquoi tant de haine ?

et d'autres aussi où l'on se demande
pourquoi tant de haine
est sortie
un jour
de moi ?

il y en a d'autres
ou
l'on doit bien se dire
non
ce n'est pas une illusion d'optique
je reçois en ce moment énormément d'amour
et l'entraide est magnifique
qui me soutient actuellement dans ce que je fais

vous êtes-vous déjà demandé
une seule fois
pourquoi tant d'amour ? 

pourquoi tant de gentillesse tout autour ?
pourquoi je reçois tant d'aide
de témoignages
de photos magnifiques ?
oui
pourquoi ?

mais faut-il comprendre
ça ?

parce que la solidarité est grande
et l'amour circule
les astuces circulent
pour qu'elles ne s'enterrent pas
mais que les découvertes et les expériences
puissent servir encore ici ou là
à chacun et à chacune qui en voudra

l'astuce
la découverte
l'expérience
l'ouverture du coeur
que cela demande
de vivre

simplement

tout cela
cela ne s'éteint pas


Thursday, August 27, 2015

Un

enfant
ne comprend pas
pourquoi il est haï
moqué
chaque jour d'école
pendant des années
parce qu'il est né
dans un autre pays

un enfant
ne comprend pas
pourquoi tout le monde trouve cela normal
qu'on se foute de lui
et que personne ne réagisse

un enfant
ne comprend pas
pourquoi on crache sur la voiture
de sa maman
parce que la plaque d'immatriculation de sa voiture
est d'une autre couleur
et n'a pas encore été changée

un enfant
ne comprend pas la haine
la bêtise

un enfant
ne comprend pas

un jour
je me suis barrée
heureusement j'avais le choix
je n'ai toujours pas compris

Tuesday, August 25, 2015

Toujours

j'ai fait avec mes doigts ce que je fais ici avec la voix
parler
parler
parler
n'est-ce pas la même chose ?

soliloque immobile
je gère mes pensées
du mieux que je peux

et je dis au système d'aller à la ligne
et il ne transcrit pas ces mots : aller à la ligne
mais il y va

et moi je gère tout ça, tranquillement
je repose mes doigts

écrire sur papier
est vraiment intéressant

c'est un autre rythme
une autre danse des doigts

je peux scinder les tâches : d'abord composer les phrases
ou plutôt transcrire ce qui me vient à l'esprit

donner aux mots une forme textuelle imprimée est une autre chose
que je laisse à plus tard
et c'est bien reposant ma foi

et si mes brouillons sont régulièrement liquidés
avec mes cahiers
c'est plus délicat

longue vie aux cahiers
aux carnets
aux apostrophes
aux haltes sur le trottoir pour noter une idée

moi qui rêvais de nager dans l'air
me voilà à écrire du bout des lèvres
c'est déjà ça

Sunday, August 23, 2015

Bonheur

du jour
(d'avant)

fiston N°5
est venu demander l'asile informatique

parce que le soir
ça lague
chez son papa

quand ils sont (presque) tous là

Thursday, August 20, 2015

Nènè


photo Sandrine Fraikin

Le premier mot de tous mes enfants
Pour J., cela voulait dire "je veux!"
 et il disait "nènè" face aux choses qu'il désirait atteindre ou recevoir

Wednesday, August 19, 2015

Sur

photo Sandrine Fraikin
le chemin
qui m'apprit
que j'étais
aimable
et que je pouvais m'aimer

- quelle découverte ! -

il y eut
une longue période
où je servais d'en-cas
à toute heure du jour
ou de la nuit
à des petits êtres
sympathiques
et potelés

- je précise ici que je dormais
et qu'ils se servaient sans me réveiller -

oui
j'étais
je suis
hautement
comestible

j'ai appris cela

un chemin comme un autre
pour apprendre
à m'apprécier

tant j'avais appris
littéralement
à douter
de la valeur
de mon être

ceux qui dépendaient de moi
trouvaient
en mon corps
tendresse et chaleur

des tensions
des colères
des torrents de pleurs aussi

qui
au fil des années
furent
nettoyés

les enfants
ces nettoyeurs

Tuesday, August 18, 2015

Aujourd'

 photo Sandrine Fraikin

hui

est un autre jour

en fait
non

aujourd'hui
comme chaque jour
je tourne une page

mais
avant de la tourner
je vérifie les mots
les virgules

que les pages tournent bien...

Thursday, August 13, 2015

Schreiben

 photo Sandrine Fraikin

macht mich wirklich frei

j'avance
pas à pas

merci
à mes proches
pour leur immense patience avec moi


Wednesday, August 05, 2015

Vert


j'ai croisé cette bague
alors que je cheminais
il y a bientôt deux ans
c'était en hiver

l'émeraude ouvre le coeur
le guérit
je crois
c'est ce qu'elle a fait pour moi

j'ai ressenti sa forte connexion
à mon coeur
et je l'ai choisie pour ça

ne pas prendre les événements personnellement
elle m'a aidée à ça

apprécier tout ce qu'il y a de beau dans le moment
qui est présent
et nettoyer
mes erreurs

j'ai recollé mes morceaux
et jeté ceux qui ne servaient pas

j'ai appris à être présente
à moi

je vais bien






Friday, July 31, 2015

Ce

 photo E. ou L. W.

n'est pas
un bout de tissu
mais
une salle de sport


Wednesday, July 29, 2015

Tout

arrive
un jour

mais celle-là
je ne l'ai pas vue venir

cette phrase que m'a dite aujourd'hui une coach
 "vous avez les pieds sur terre!"

j'ai répliqué
"ah ça, on ne me l'a jamais dit!" 

alors elle m'a répété la phrase
pour que je l'entende bien

"vous avez les pieds sur terre!"
je n'en reviens toujours pas...
mais c'est bien !

Saturday, July 25, 2015

Ouille

 photo Sandrine Fraikin

enfin non
pas ouille

ce soir
j'ai pu me goinfrer de fromage
sans me foutre en l'air pour autant

grâce à la boutique végane
qui a ouvert
ici


un truc de ouf
il n'y a pas un microgramme de lactose
dans toute l'épicerie !

par contre
il y a plein de gluten
et là
je dois être prudente

c'est comme un départ en vacances
tout près de chez toi

d'abord tu sors
en short
comme il se doit

par besoin
de digue
de mer
le vent était dingue aujourd'hui ici

et puis là
c'est une autre planète
le frigo plein de glace
devant lequel j'ai appris à me dire "danger !"
n'est pas dangereux du tout
- sauf pour le porte-monnaie ! -

Je peux choisir mon pot de glace
si je veux
sans devoir lire à la loupe
les étiquettes

alors que d'habitude
il y a peut-être
parfois
un producteur de sorbet
qui n'a pas eu l'idée bizarre
d'ajouter du lactose
dans son truc

et donc
je m'acclimate
je découvre
je goûte

entre les bouleversements
énergétiques
qui me font
tourner la tête
- en ce moment
je perds souvent l'équilibre
même quand je suis allongée -

le classement raisonné
de mes toiles
cette semaine

beaucoup de dialogue
intérieur
extérieur

une toile au couteau
aujourd'hui

l'ai-je détruite
ou ensoleillée ?

un jour
je le saurai




Sunday, July 19, 2015

Puisque

j'ai choisi
d'espacer mes posts ici

que dirai-je ?

ah oui
j'ai encore écrit des trucs
ça vient tout seul
ou presque

c'est comme une expérience
qui me rassemble
moi qui fus souvent
si éparpillée

et donc
ça fait du bien
vraiment

ma prof de littérature du Commonwealth
disait toujours
que lorsqu'on est en prison
on écrit des poèmes
et qu'on les retient par coeur

et que c'est ailleurs
que l'on peut s'investir
dans des projets plus conséquents

en ralentissant mes blogs
en m'investissant dans des textes
plus conséquents
je m'autorise
à aller au-delà
de ces créations brèves
ces instantanés

je n'ai pas vécu en prison
certes
sauf mentale
entretenue par moi-même

l'idée est
de m'en libérer

j'ai vécu un événement
qui m'a touchée
et fait comprendre
que je ne peux plus
croiser
mes grands
qui ne me disent pas boujour

je n'arrive plus à sourire
face à ce qui me déchire

j'ai laissé tomber
une cuirasse
que j'avais faite
pour me protéger

c'est qu'il était temps
de la déposer

moi je n'ai rien décidé
mais j'ai vu
qu'elle n'était plus

j'ai fait le point
sur mes projets professionnels
reprécisé mes objectifs
de mon mieux

il est temps pour moi
de faire une thérapie
pour couper avec le négatif

toutes ces idées
dont on m'a aspergée
et dont je suis imprégnée

et qui n'ont
en fait
rien à voir avec moi

l'idée c'est
de croire en moi

que moi
je croie en moi

même si
j'ai foiré
beaucoup de choses

ou même si
je ne rentre pas
dans les cases

et si
je vais bien
quand j'écris
alors
je continuerai


Tuesday, July 14, 2015

Au

bout
de nombreux essais
j'ai quand-même réussi
à faire le modèle
qui me serre dans ses bras
et celui
qui court vite
me chercher
un bout de chocolat
quand je pleure un coup

la chance
de ces modèles-là
c'est que je pleure
beaucoup moins
souvent
qu'avant leur venue
ici-bas

les modèles plus anciens
m'ont connue
en chutes du Niagara
 
que voulez-vous faire
face à ça
avec un morceau de chocolat ?


Tuesday, July 07, 2015

Ami lecteur

tu vas un peu moins
me retrouver ici

j'ai des cahiers qui m'attendent
et des livres qui m'appellent
afin que je les écrive

Sunday, July 05, 2015

Ami végé, ne lis pas ça !

vois-tu
dans ma mémoire
il y a
un tout petit cousin

dont j'adorais m'occuper
lorsque j'étais enfant

et hier
il a fêté ses quarante ans

et en dignes descendants
d'un marchand de bestiaux

les cousins assemblés
ont mangé
un cochon à la broche

dans un immense jardin
à l'ombre d'un majestueux magnolia

dans un village
que j'aime fort

dans une ambiance si paisible
après tant de tempêtes familiales

tandis que les enfants se battaient
à se mouiller

à se jeter des pommes pas mûres
entre deux camps

pour finir par jouer au badminton
dans la nuit noire pour certains

et devant
un bon film
pour d'autres

c'est très bon
de voir
mes cousins des villes

mais j'aime aussi beaucoup
revoir
mes cousins des champs

je ne sais pas
de la planète de qui
je fais partie

mais c'est pas grave
en se rencontrera encore
dans notre galaxie

il y a des conjonctions
interstellaires
qui valent de l'or

Friday, July 03, 2015

Je



ne suis pas un guignol
je ne suis pas un charlot

je n'ai pas que des mots
qui seraient vides

comme il fut parfois
tentant de le croire

ce soir
je suis juste une fille
traversée par un torrent
violent et ce torrent
ne m'appartient pas

j'ai cette capacité
à sortir
les émotions
que d'autres ont

un déversoir
je suis secouée
tranquille
et traversée





Wednesday, July 01, 2015

Le thé



c'est un fait
revient dans ma vie
sous diverses formes

d'abord
j'ai eu
ces derniers mois
pas mal d'occasions
d'apprendre
à mes petits
à se soigner
avec l'huile essentielle
d'arbre à thé

rien à voir avec le thé
peut-être
mis à part le nom

ce produit
qui prend si peu de place
dans ma pharmacie
qui remplace tant de choses
que j'achetais avant
un produit que je trouve en herboristerie

heureuse
je suis
à chaque occasion
de rendre
mes enfants autonomes
en leur enseignant
comment aller mieux
grâce à de petites choses
telles que celle-là

puis
ce soir
une tout autre version
du mot
thé
m'est revenue en mémoire

il fait un temps
à faire du thé
à le mettre au frigo
avec plein de rondelles de citron bio dedans

demain
il sera

gla-cé !

merci
à celle
qui m'apprit
à faire cela

c'est aussi chez elle
que je découvris ce qu'est
un petit déjeuner
avec saucisses, oeufs, toasts  et jus d'orange surgelé dégelé

et c'est chez elle aussi
que je découvris
comment se déguste
le beurre de cacahuète
avec sa confiture
bien évidemment !

ce que je n'ai pas terminé
de faire
loin de là !

Wednesday, June 24, 2015

Deux


photo Sandrine Fraikin

mille photos
dans la tête

et

je jongle


avec des mots
tout autour

pour que ça soit
doux
joli
sensible
et
sensé aussi

Au



vu
des statistiques
que je réalise
sur ma tribu

je constate
que celui qui est entré le plus tard à l'école
en sort aujourd'hui le plus vite
là où la grande majorité des autres a tâtonné
et a doublé

car ils n'étaient pas prêts

ils avaient besoin de
beaucoup
jouer

celui
qui a joué
tout son saoûl
et mis les pieds
à presque 9 ans
pour la première fois
à l'école
sort aujourd'hui du primaire
après avoir royalement passé
quatre ans
de sa vie
sur les bancs de l'école

alors
pourquoi faut-il commencer à 6 ans

ne serait-ce pas tôt
vraiment ?

et est-il plus valorisant
pour un enfant
de faire deux fois la même année
que de faire deux années en une
quand il est prêt ?

tout est possible
chaque chose en son temps


Mein




photo Sandrine Fraikin

 
Mittelpunkt
ist nirgendwo
und überall

mon centre
est
nulle part
et
partout

je ne suis
nulle part

je suis
entre deux

je suis
entre tout

je suis étalée
je suis enfermée

si je m'étale
si je m'enferme

mon centre
c'est
ce qui est
juste

au milieu

mais c'est aussi
ma peau
et tout ce qui fait
que je suis moi

c'est un regard
c'est une voix

c'est ce qui me fait
marcher
respirer

être

c'est

ce qui me meut

Imagine



que tu as deux amis

l'un te dit
"fais pas ça
moi je sais
que c'est
pas bon pour toi"

l'autre te dit
"ah ok
ça m'étonne un peu
beaucoup
mais si tu sens
que c'est bon
pour toi
c'est ok pour moi"

quel ami
tu gardes
dans ta vie ?

Tuesday, June 23, 2015

Aujourd'



hui

je suis allée m'étaler
dans un parc

j'ai pris un bain
de nuages

et complètement
déconnecté

et
c'était bien


Monday, June 22, 2015

Mes



blogs
ont connu
des pics de visites
incroyables
en ce solstice d'été

il est un fait
que je n'ai
actuellement
plus rien
à vendre

sinon mes mots

cela n'empêche
qu'ils soient gratuits ici

je ne vais pas monnayer
chacun d'eux

et donc
je n'ai rien d'autre
à vendre
que mes mots


 là posés

il n'y a aucune commande
dans ce que j'écris

c'est (parfois) rétributeur
a posteriori


ou toujours
en fait
et même ici

car l'Univers

a de multiples manières
de les valoriser

je suis un papillon
de mots
qui vole
lorsque vous me lisez

merci
de l'effeuiller





Thursday, June 18, 2015

Je

voudrais bien comprendre ce que j'écris. Mais je n'y arrive pas. Je transcris ce qui vient en moi, ce qui paraît ou coule fort ou doucement. Je suis dansante à l'intérieur, tout en ayant un air tellement calme. C'est la tempête au dedans, quand les mots se bousculent, que je les récupère tant bien que mal en galopant sur le papier ou le clavier. Je ne sais pas pourquoi je fais cela. Je sais que je le fais. Que c'est bon pour moi. Que cela constitue une part importante de mon équilibre interne. Ecrire. Et pourquoi pas? 

Je n'ai pas d'heure. Pas de rythme. Est-ce mal? 

Je commence à connaître mes sensations de l'intérieur. Il y a des ambiances qui m'aident évidemment. Des présences. 

D'autres ont sur moi un effet tout contraire.

Lâcher prise : j'apprends. 
Me faire confiance : j'apprends aussi.

Je suis en apprentissage permanent de moi-même, de la vie, de la mort, bref du changement.

Et je vais mieux lorsque j'écris. Point. C'est ainsi. 
Et donc, j'écrirai. Ce sera. C'est. Ce fut. Qu'il en soit ainsi. 

Je n'ai pas besoin de comprendre tout ce que j'écris. C'est au-dessus des forces que j'ai. Je suis là pour écrire. Débrouillez-vous avec ce qu'il en reste, ce qu'il en ressort. 

Ce n'est pas la peine de combler les vides de l'existence avec des carabistouilles en tous genres. Etre. Je suis. Est-ce suffisant?

Ah non, il faut produire!
Alors disons que je produis quelques écrits. 
Sera-ce suffisant?
Je ne le sais. 
Je sais juste que je suis celle qui écris ceci. 
Celle qui apprit à lire, à écrire pour écrire ceci.
Rien d'autre ne m'encombre, résolument.
Je suis un réceptacle habile.
Comme on fait des enfants, j'écris.
La grossesse est lente ou rapide : je ne la contrôle pas.
Je vis et je vois: oh ! Ceci est sorti. J'ignorais que ce fût le moment !

Je me souviens de cette naissance troublante, celle de mon septième enfant - une petite fille, mon plus gros bébé. Eh bien, je ne sais pas comment j'ai fait. Je fus tellement calme tout le temps du travail. Je m'étais entraînée à l'auto-hypnose pendant les mois qui avaient précédé la naissance. Je découvris la force de l'auto-suggestion. Pour ensuite comprendre que nous la pratiquons tout le temps. Le risque, en traversant un événement tel que cette naissance, qui n'eut pas lieu dans la pièce de la maison dans laquelle j'étais persuadée qu'elle se déroulerait, c'est de comprendre que nous sommes tout-puissants.

Lorsque je m'exerçais peu avant la naissance, que je fus en travail, à plusieurs reprises, puis je jour j, je fis dérouler dans ma conscience un mantra que je m'étais créé. Il était composé des prénoms de mes six enfants déjà nés. Je m'autocensurai ; je créai mes pensées. Et j'eus ce que je voulais : une naissance paisible, loin des peurs qui déchirent et font que vous vous débattez en hurlant. Sans médicament. Non. Il n'y eut pas de désespoir en moi cette fois-là, chose exceptionnelle. Je ne hurlai pas. Je ne jurai pas. Je fus moi, au-dessus des vagues torrentielles qui déferlaient en moi. J'étais moi et j'étais au dehors de moi, dans cet espace intemporel que l'on dénomme pénombre. Oui, j'étais la pénombre, le calme qui fait place à la tempête et ne s'efface pas. Ce qui est lorsque tout passe. Ce qui est ou restera. 

Le mantra fait le vide des pensées. Par contre, lorsque j'écris, il en est tout autrement. Je ne sais pas comment je fais. C'est un processus en moi. Je respire. J'écoute. Tout se déroule en moi. Le raisonnement est écrit déjà, on dirait. Je suis un scribe. Je suis moi. J'écris les mots en moi. De quelle partie de moi viennent-ils? C'est très difficile à déterminer, tant je ne sais jamais vraiment à l'avance de quoi je vais parler. Je ne sais pas du tout. C'est comme ça. Puis ça vient. Je chope le truc. Je prends. J'écris. Et puis voilà. Comme aujourd'hui. J'avais prévu du temps, un espace pour ça. Je me suis rendue dans un lieu où j'aime écrire. Beaucoup. Depuis peu,mon smartphone a lâché et je ne le remplace pas. Je garde la maîtrise de cet espace en moi que l'on nomme "ma tête". J'ai toute ma tête à moi. Et ce matin, alors que je souhaitais prendre un thé à la terrasse d'un café, j'ai simplement payé sans consommer, m'avouant vaincue : à la radio passaient les informations. Le son était réglé haut. J'ai cru que j'allais péter les plombs. J'ai réglé et ai quitté ce lieu où je ne pouvais m'entendre penser.  Et donc j'écris comme ça, à l'aventure. Sans me soucier de rien. C'est quand je me soucie que cela ne va pas. Quand je me bloque, rien ne va. Et quand j'ouvre la fenêtre d'entrée de l'écriture en moi, alors je respire. De l'air entre. De la plénitude. Quelque chose vient de moi. D'une autre partie de moi.

écrit le 16 juin 2015

Wednesday, June 17, 2015

J'ai


rêvé
oui
j'ai rêvé

pas d'acheter tellement de cornichons
que j'en ai maintenant trois pots à la maison
- il faut que j'ouvre l'oeil et le bon ! -

pas d'entendre mon fils parler allemand
avec un accent français
- je suis responsable de la double transmission, en plus ! -

par contre
oui
j'avoue

j'ai rêvé
d'un livre en quadrichromie
et ça
c'est en passe d'être fait
- dernier shooting demain ! -

et c'est à peine croyable

alors
au rayon des rêves
oui

j'en ai réalisé
pas mal

mais
ce qui est beau
ce sont les surprises
que l'on se fait
au détour du chemin

ces choses
auxquelles on ne s'attend pas
même si on peut les espérer très fort

la vie
c'est encore mieux que dans les rêves

le livre
par exemple
il n'est pas tombé du ciel

il a eu une looooongue gestation

pas à pas
(peau-à-peau)

qui vaut toutes les couv' du monde

yep !
il est joli
le chemin

Sunday, June 14, 2015

Pour


Kitagawa Utamaro
Mère et enfant


mon anniversaire
j'ai reçu
cette année

une image
de Jean-Lou

un bic
en bois
rose
de L.
pour écrire
écrire
et écrire encore
là où l'inspiration
est
douce et fluide

un foulard
d'E.
- qu'elle
va me piquer
c'est sûr -


des tas de messages
doux
pour la plupart


une semaine
un peu folle

et

de la sérénité

qui m'a permis
d'avancer

beaucoup

Friday, June 12, 2015

Depuis

le matin
(enfin hier matin...)
elle joue
sur mon bureau

quand je me suis assise 
pour commencer la journée
elle gambadait sur mon clavier

à présent
elle se balade
sur ma lampe

mon amie
l'araignée

si petite
si belle

symbole fort
(j'en ai marre de croiser des animaux morts)

l'araignée tisse sa toile
elle crée
elle me plaît

sa présence est un cadeau

L'

important
en écriture
n'est pas d'emprunter
un air important

de se donner
un genre

ce serait
une sorte
de simulation

l'important
dans les mots

c'est ce que je ressens
à présent

c'est l'extrême plaisir
la surprise intense
qui traverse mon être

quand je ne lui résiste plus

Thursday, June 11, 2015

J'aime




quand on me dit bon anniversaire deux jours à l'avance
puis
un jour trop tôt

quand l'on me souhaite bonne chance pour ma grossesse
- j'ai dû avaler du gluten ou du lait sans m'en rendre compte, voilà la source de ce petit miracle ! -

quand j'apprends à un antiquaire britannique qui l'ignorait qu'il a un homonyme qui s'appelle Jarrett - j'aurais aussi pu lui parler de Haring -, tandis qu'il me parlait de Richards, qu'il connaissait ! miracle !

il a fini par me dire que les anglais étaient arriérés
- et moi je n'ai rien dit du tout sur le sujet -

j'aime quand elle fait des photos
et j'aime que l'on a du temps pour se parler

j'aime les gens qui me font hurler de rire
et qui n'ont pas honte d'être à mes côtés quand je lâche mon organe

j'aime l'abstraction lyrique
et les gens qui sont gais
- comme on dit en Belgique -

il faut faire attention tout de même
quand on imite Polnareff
on n'en sort pas indemne

Moulinsart, par contre,
est un petit plaisantin
qui n'a pas fini
de faire rigoler






Wednesday, June 10, 2015

En

ce moment
j'avoue
je traverse
souvent
des moments intenses
où la joie me saisis

et où je me  dis
que j'ai énormément
de chance
de vivre tout ce que je vis

et où je remercie

car rien n'est là
par hasard
ou fatalité
tout ce qui m'arrive
est là
parce que
c'est absolument parfait

j'ai attiré dans ma vie
des tas de choses
parce que j'avais peur qu'elles m'arrivent

et je crois même
que parfois
j'arrive dans un endroit
parce qu'on a craint
que j'y arrive

c'est comme ça
l'énergie

et même
même
si moi
je pensais ne pas y aller
cette force m'a été donnée
c'est ce qui est fou
dans la vie

l'Univers confond totalement commandes et craintes
il exécute
c'est tout

et c'est pareil à ses yeux
au fond






Si

tu crois
que ta famille parle
du fait que tu écris
ce que tu te gourres
fillette
fillette
ce que tu te gourres

et donc
il a fallu
que cette petite cousine
psychologue clinicienne de son état
se dise
qu'il était important pour sa pratique professionnelle
de se former à la transmission du portage
pour apprendre
lors de la dite formation
que tu avais pondu un opus sur le thème

bon bref
je l'interviewe très bientôt moi !


(et je vois passer des bébés élevés dans des tanks
et je vois passer des bébés élévés à même le corps de leurs parents
et je suis zen quand-même )

Tuesday, June 09, 2015



maman
s'en va-t-elle ?

c'est simple

elle s'en va
là où l'inspiration
coule
de source

là où elle peine à suivre
le cours de ses mots
dans sa tête

car ils coulent
coulent
coulent

simplement

Saturday, June 06, 2015

Que

les cendres du corps que mon âme habitait reposent dans la paix. 
Maintenant je sais la genèse de la tristesse dont j'ai hérité. 
Je la dépose, pleine d'amour. 
Je n'ai plus besoin d'être triste. 
Cette tristesse était celle de cette vie-là. 
Et je n'ai plus besoin de la porter. 
Quand on protège un être cher et que personne ne survit à l'autre, 
face à l'incomplétude... 
il reste la vie d'après.

Friday, June 05, 2015

Lorsque

Constantin Brancusi
le commencement du monde
1920


je marche
sur des plumes
et que
juste à côté
je vois
un pigeon mort
toutes ailes déployées
et couché sur le dos

et que je me souviens
avoir croisé
un autre
oiseau mort
tout petit
récemment

je me dis
que c'est bien
que ce qui en moi meurt
laisse place à la vie renouvelée

il y a en moi une prise de conscience
qui me permet d'avancer
et ces signes le disent
à leur façon

lorsque je croise un oiseau
je m'arrête
et observe
ce que son passage
en ma vie
a à m'enseigner


la mort est une grande amie
et les oiseaux aussi






Thursday, June 04, 2015

Donc


lorsque je cherche la paix
qu'est-ce que je fais ?

je trouve le chaos
qui
lorsqu'il se retire
permet alors
de trouver
une grande
très grande paix

le passage par le chaos
permet évidemment
d'apprécier
d'autant plus la paix
une paix plus profonde
que la situation hésitante d'avant
sur tous les plans

et donc oui
le chaos
c'est intéressant
d'une certaine façon
ça fait mal au moment-même
ça permet de voir face à quoi
on est capable d'être zen
résolument
en dépit de tout

la paix qui s'ensuit
permet de voir
à quel point
on a pu être stupide
on a pu aller loin dans la haine
on a pu mettre de l'huile sur le feu
et en laisser mettre aussi

la paix éclaire tout
lorsqu'on est passé par la haine
la belle tentation

tout cela est une sorte de rangement
dans la tête
et dans les faits

et donc
on ne garde que ce qui vaut la peine
on médite sur chaque chose
on pense chaleureusement
à celle et ceux
qui sont loin
suite à la tempête

et on tient debout
un peu mieux qu'avant

les idées éclaircies
le coeur apaisé

ne plus me laisser guider
par des personnes
elles-mêmes guidées
par la tristesse et l'envie

hier
j'ai retrouvé
dans un cahier
un texte que j'avais écrit il y a un mois et demi:

C'est une question d'instants.  C'est pourquoi ton regard se pose sur la vie en riant. Tu es née pour rire et non pour pleurer. Enfin, tu le sais. La décomposition du mot d'ordre est imminente. Tu ne peux pas respirer si l'on t'ordonne quoi que ce soit. Tu es faite pour vivre libre, libérer ce qui est enfermé, tout d'abord en toi. En toi seule nait la libération de tout autre que toi. Rien ne t'est étranger. Tu m'honores en pensant à toi. En ouvrant les coeurs et en respectant aussi ceux qui choisissent d'être temporairement fermés. Il n'y a que le changement qui soit immuable. Tu le sais ! Reçois la joie que tu as voulue. Elle est imminente. Immanente. Elle porte un nom : toi. Car elle ne t'a jamais quittée. Tout résulte d'une équation à nulle autre pareille. Elle se résout tout simplement en explosant les parallèles, qui deviennent des points sécants. Il n'y a pas de monde parallèle. Il faudra juste qu'ils ouvrent les yeux sur cette partie d'eux-mêmes. La normalité, c'est tout ce qui nous compose et explique les choses. Et ce monde parallèle n'existe pas, puisqu'il est immédiat.



Wednesday, June 03, 2015

Trouver

de l'équilibre
là où les yeux
ont mal

quitter l'écran
un peu
car je ne supporte plus
la lumière
et on rit de moi
souvent
parce que je me promène
avec mes lunettes de soleil
sur le nez

par tous les temps

trouver le temps
de n'être pas
à la fenêtre

trouver comment
écrire
dans un cahier
plus qu'actuellement

trouver le temps
de reposer mes yeux
qui tirent

trouver comment
faire ce que je fais
mais différemment

It's



impossible
to believe in yourself
if you don't know yourself.

Believe
and it's ok
if not logical.

That would then be irresistibly illogically clear.

Tuesday, June 02, 2015

Même




photos Sandrine Fraikin



si j'existe, ce n'est pas suffisant. Même si je pense, si je parle, ce n'est pas suffisant non plus. Hé non. Même si je sens, ce n'est pas suffisant. Même si certains me reconnaissent, ce n'est absolument pas suffisant non plus. Même si j'apprends et réitère ce que j'ai appris, ce n'est pas extrêmement important. Hé non. Même si je raconte des choses, ce n'est pas foncièrement essentiel. Non. Ce qui est important, c'est que j'accepte qui je suis vraiment venue incarner et que je fasse ce travail que je suis venue faire ici. Reconnaître, accepter. J'en suis à savoir qui je suis et ce que je suis venue faire ici. Drôle de chemin. Drôles de détournements de voies, sans cesse, jusqu'à plus soif. Jusqu'à hésiter tant et tant. Jusqu'à tergiverser sans arrêt, entre choix pour papa, choix pour moi mais pas vraiment, choix pour les enfants et/ou pour moi, choix pour le monde et puis enfin choix pour... moi. Qui je suis vraiment. Qui sait. Qui observe. Qui attend. Qui apprend. Vient un jour où il n'y a pas de mais et où l'on est soi, simplement. Une fois les obstacles, les blessures sursumés (aufgehoben). Quand on supprime ce qu'on est appelé à supprimer. Quand on conserve ce qu'on est appelé à conserver. Quand il ne reste plus que ce qu'il reste là et que l'on sait. Oui, on sait. On sait que l'on sait depuis bien longtemps, car cela ne nous échappe pas réellement. Après la connaissance vient la nécessaire acceptation. La mise en oeuvre peut alors se faire. Accepter sa voie, c'est s'accepter soi.

Aujourd'hui, j'ai pigé. Aujourd'hui, je me suis acceptée.


Monday, June 01, 2015

Quand

tu apprends, tu ne résistes pas. Tu t'ouvres et comprends - ou pas - ce qui t'arrive vraiment. Tu as compris déjà que tu passes un cap important, car la paix grandit au dedans de toi, au fur et à mesure que tu la réalises à l'extérieur également. Tu as envie d'aller plus loin. Mais en fait, tu apprends à te délecter de l'instant extrêmement présent, qui emporte tout le reste aux oubliettes.

Aujourd'hui, à midi, tu es sortie du métro. La personne devant toi sur l'escalator avait un livre qui dépassait de sa poche. Le titre était: le pouvoir de l'instant présent.

Et tu as vécu chaque instant qui a suivi un à un, en étant tout simplement présente à toi. Toi qui sais sortir de toi, toi qui as survécu grâce à cette force de l'esprit qui consiste à sortir de soi plutôt que de devenir folle. Toi qui as bien failli te taper la tête au mur. Savoure cette paix qui fait que non, tu ne l'es pas devenue. Que non, tu n'es pas séparée du corps qui t'a vue naître, toi, complètement prête à vivre et pourtant flottant, flottant pour échapper parfois au fait d'être, si être c'était ça... Si c'était ne pas avoir le droit d'être soi. Ne pas être entendue, vue pour qui l'on est. Mais si. En fait si. Certains ont vu, entendu et finalement, tu ne t'es pas complètement perdue toi. Tu es entière, recomposée. Tu sors de ton corps quelquefois, mais pour la joie, le plaisir, le bonheur d'être. Pas par ce désespoir dans lequel tu t'étais enfermée dans ce choix, cette vie. Cette incarnation.

Tu es toi et personne ne peut te l'enlever. Personne ne pourra t'extirper de toi. Personne ne peut vraiment comprendre - à part toi - ce que tu fais là. Ce n'est pas grave. La vie n'est pas un drame. La vie est une histoire douloureuse par choix de ce regard que l'on jette sur elle. La douleur n'est qu'un choix. La douleur est vivante si tu prends au sérieux toutes ces incohérences. La douleur est un creux dans lequel tu te loves parfois, lorsque tu te convaincs que tu n'as plus le choix. La douleur est à toi si tu la fais tienne. La douleur est un refrain qui ne se répète pas si tu apprends à employer tes yeux autrement. La douleur, tu te la fais toi - pour un jour comprendre que tu vis tout aussi bien sans elle. La douleur est un spectre invisible auquel tu n'es pas obligée de croire. La douleur est un non-sens culturel, une illusion intemporelle que tu te fabriques toi-même avec des aides qui jouent des rôles dans des scénarii que tu leur demandes de jouer avec toi. 

Tu as déroulé toute la douleur. Tu as repris tes armes, toutes tes larmes. Tu es allée au fond de l'illusion. Tu as repris ton rôle. Tu as compris que tu es forte et que tu ne crois pas à la lumière fausse de ceux qui voudraient te faire croire que tu es mauvaise. Voilà. Tu es toi. Tu t'acceptes. Tu es. Tu as vécu tout ça pour apprendre cela.

Saturday, May 30, 2015

Vu

le rêve que j'ai fait la nuit dernière
la journée s'est pas mal passée

en gros
la nuit dernière
j'étais dans un énorme camp scout
- il faut dire que je suis mère d'une grande partie d'une troupe de scouts -

j'avais posé mon téléphone
mon ordinateur
quelque part
à tout vent
sur le sol

j'étais allée me promener
et ils avaient
à mon retour
disparu
j'ai juste retrouvé mon téléphone

il y avait de la neige
j'étais nue

bref

ce matin
je me dis
tiens
peut-être n'aurai-je plus besoin d'ordinateur
pour être en contact avec mes scouts ?
wait and see

et cet après-midi
à la fancy fair de l'école
des plus jeunes
il était là
cheveux aux vents

de dos, j'ai d'abord cru voir la copine de son père
mais quand j'ai vu les combat shoes
je suis allée voir de face
et j'ai vu

celui de mes grands fils
qui a des cheveux blonds jusqu'aux épaules

et nous avons parlé
sans intermédiaire

Friday, May 29, 2015

Ce

midi
enfin non
à 2 heures
j'ai mangé
quelque chose
de très inspirant

un truc  tout petit
très joli
pris individuellement

qui vous reste
longtemps après
entre les dents

ça vous fait des réserves
presqu'à l'infini

j'ai eu un numéro
et
j'ai refusé
la sauce
aux nicnacs

ça m'a bien inspirée
j'ai écrit
écrit

et puis
j'ai marché
dans le vent








Tuesday, May 26, 2015

Ce


 photo Sandrine Fraikin

qui est clair, c'est que j'ai encore plein de mots dans le ventre qui ont besoin de sortir, un à un, comme ceux qui sont sortis dans un texte de ce livre-là.
Naissance intime à chaque fois.
A la maison, en train ou ailleurs.

Naissance en vol.
Naissance chaque fois, lorsque des mots font le voyage de ma tête, mon corps, mon coeur, mon esprit vers la main qui les transcrit.

Les mots tapent fort, alors les mains tapent fort aussi.

La main n'est que l'outil de transmission moteur qui permet de dactylographier sans heurt ce qui vient du coeur.
Du corps.
J'écris avec mon corps.
Je vis et j'écris.
Dans l'ordre et dans le désordre.

Ecrire les sensations dont mon corps
se tord
se délecte

toujours

Monday, May 25, 2015

Comme

une étincelle
comme
un rayon de soleil
ma relation s'éclaircit
avec mes enfants qui vivent avec moi
la moitié du temps

étonnant ?
j'ai tout éclairci en moi
je suis plus claire avec moi
avec eux, forcément

Sunday, May 24, 2015

Des

photos kitsch circulent pour faire l'éloge de l'allaitement "prolongé". Et ça me fait le même effet que la phrase "vous êtes courageuse!" Vous êtes courageuse pourquoi? Parce que vous donnez à manger à votre enfant quand il a faim de la façon la plus simple qui soit. Celle qui ne donne rien à faire que des câlins. Oui, effectivement, quel courage, lorsque vous avez grandi en manque de toucher - comme plein de gens élevés sur un mode distal - quel courage que de vivre des câlins sains avec ses propres enfants... Décidément, je ne comprends rien aux mots de ce monde. Serait-il de bon ton que je me mette à parler aux personnes qui n'allaitent pas ou peu de leur allaitement "raccourci"?  Oh oui, je vais le faire, juste pour voir leur tête... Non non... Je suis une gentille.

J'ai toujours effrayé et j'ai souvent aimé le faire aussi. J'ai souvent oublié que j'effrayais.
Pourquoi?
Parce que nous ne faisons jamais que comparer. 

"Je vais faire 10 enfants" et j'adore te le dire en face et voir la trouille que ça te fait. (J'avais 17 ans). En fait, je n'avais aucun projet précis, pas de chiffre (non mais!), juste l'envie très claire, ça oui...

Cette norme absurde qui induit des comparaisons dans chaque mot...
Nous nous comparons tout le temps.

Long est une appréciation.
Mais raccourci aussi.

Ah oui, c'est vrai, je ne peux pas imposer mon point de vue à tout le monde.
Non.
Je voudrais juste signaler que tout le monde veut m'imposer que ce qui est pour moi banal serait non seulement LONG mais encore PROLONGE.

A quand REPROLONGE ?
Voire l'allaitement en CDI ?

Ce serait pas mal en fait de parler de durée indéterminée. On aurait la paix.

- Tu comptes l'allaiter combien de temps?
- C'est un contrat à durée indéterminée.
- Ah d'accord...

Et on n'est pas obligé d'associer ça à des photos kitsch. Ou alors donnnez-nous de l'ultrakitsch, qu'on se régale vraiment très consciemment, avec du faux léopard, des fleurs en plastok et des accessoires en mélamine autour. Ah oui, voilà un vrai projet : réaliser des photos d'allaitement ultraprolongé ultrakitsch. Genre : j'allaite ma fille à son mariage. Je n'y avais pas pensé. Purée ! Ca va me faire encore combien d'années à avoir un super argument pour refuser trop de médicaments et me soigner autrement ? Et porter des décolletés ? Eh bien non, je ne suis pas morte d'allaitement ultramégaprolongé. Je vais même bien. Je ne suis pas zà bout. Bien au contraire. Et ma toute petite (qui fait presque du 30 maintenant) s'est endormie plusieurs fois au sein cette semaine dans le salon. Ca faisait des éons que ça n'était pas arrivé et c'était très tendre ma foi. Et pour elle et pour moi. Et c'est, encore une fois, extrêmement banal à l'échelle de l'humanité. Alors ne comparons pas.







Wednesday, May 20, 2015

Quand

la reconstruction de soi prend du temps
et qu'on a tout le temps

pour ça

c'est magique

un effleurement
du réel
puis un autre

pour revenir
les pieds ancrés

avec de tout autres yeux qu'avant
ou presque

quelle chance

de pouvoir
apprendre
à revoir
la vie
en couleurs
et en respirant

librement

à l'abri
et au vent

donné
par les réponses
de la vie

la course est finie
celle qui luttait contre le stress

l'élan est donné de l'apaisement

cela n'en finit pas
cela prend toute ma vie

cependant
j'ai appris
à comprendre

tant de paumés
de la vie
grâce à moi

merci

Monday, May 18, 2015

Prendre

un train
qui va lentement
c'est encore mieux

ça berce
beaucoup plus longtemps

un train par semaine
c'est beaucoup mieux

ça me suffit
vraiment

Déposées

mes angoisses
parce que c'est comme ça que je vis le mieux
vraiment

déposé
tout ce qui ne me convenait pas

et voler
être
ce que je suis venue être


maintenant

me centrer
sur l'optimisme
comme souvent

parce que je n'ai pas le choix
ou plutôt si
je l'ai
et je le fais
ce choix

encore
sans cesse

pour chaque information
à vérifier

chaque texte
à terminer

chaque confirmation
à recevoir

j'aurai
tout
dans les temps
impartis

oui

et c'est un défi
que de m'accrocher
à l'idée
que je vais y arriver

très sereinement



Thursday, May 14, 2015

Je

suis
en thérapie
de pas couple

de post couple
ou couple parental
(pas encore grand-parental !)

et c'est bon
cela fait du bien

de liquéfier
les caillots
qui bloquaient la circulation
la communication

c'est étonnant

chacun dit
pose
ses peurs
ses questions

chacun reprend
ce qui est sien

il reste
les trésors
communs

Sunday, May 10, 2015

Ce


jour
qui me parle de nous

vous qui êtes
uniques
magnifiques

qui me parle de moi
jamais satisfaite
toujours inquiète
de pouvoir faire mieux

toujours me disant
que ce n'est pas assez
ce que je fais

que je ne sais comment je pourrais faire
pour vous écouter
pour vous dire
ce que mon coeur voudrait vous dire

vous faire comprendre
que votre mère
vous a eus très jeune
incomplète
fracassée
qu'elle a fait de son mieux

soucieuse
que vous sachiez
toujours
que vous êtes entièrement aimés
sans condition aucune

comprenez-vous
cette hantise
que j'avais
que vous eussiez pu
ne fût-ce que penser
que j'eus pu vous aimer
de façon conditionnelle
punitive
bac-à-sablienne ?

et que je fais cela
chaque jour
que Dieu fait

même si c'est obscur
incompréhensible
pour vous
peut-être

même si c'est ignoble parfois
ce que j'ai pu commettre
dans une confusion
des sens
une déperdition
de mon être

chaque jour
est un pas
vers
l'espoir d'être digne
d'être
moi
d'être votre mère

et de débarrasser
ma lignée
de ce qui n'a lieu d'être

à commencer
par cette peur
qui m'a longtemps
paralysée

qui m'a fait faire
des choses
qui se font
lorsque l'on cherche
et que l'on est perdu

je n'ai jamais voulu
exprimer des attentes
vis-à-vis de vous
jamais

on en avait eu
de bien trop fortes
à mon endroit

et je vous ai aimés
de toute mon âme
du mieux que j'ai pu

si je suis rescapée
de quelque chose
qui est lent à retirer
vous avez le droit
d'être
chacun
qui vous êtes

entier
dans vos baskets

jamais je n'aurai
d'attentes
emprisonnantes
vis-à-vis de vous

je sais ce que ça fait

qu'est-ce que j'ai
à vous donner alors ?

cela
vous le savez

je fais de mon mieux

pour être
quelqu'un d'autre
qu'une rescapée
de ce qui vous a imposé
de me voir pleurer
des heures durant
pendant votre enfance

vous étiez impuissants
et je croyais que je l'étais également

mais voyez
votre mère grandit
elle fait de son mieux

pour ne plus vivre
ce qui l'empêchait
d'être disponible
vraiment

elle fait tout
pour que personne
parmi vous
n'ait à la surprendre
pleurant
se perdant
dans une tristesse
qui n'a plus lieu d'être maintenant

vous n'avez pas à me réparer
je me répare
vous avez à vivre
et c'est bien

je voulais juste
que vous n'ayez pas
à vivre ce que j'avais vécu

et mes peurs
m'ont faire craindre
que c'était
revenu

mais j'ai chassé
les craintes
infondées

j'ai fait le ménage
en ma tête

et je sais désormais
que mon histoire
ne se répète pas

c'était ma crainte
me pardonnerez-vous
d'avoir eu peur ?

je vous aime

Comment

je n'ai pas appris l'anglais à l'école
mais avant
bien avant
en voyageant
et en écoutant des cassettes assidûment
à dix ans
parce que j'aimais ça
apprendre l'anglais

comment j'aimais pouvoir dire quelques mots
aux visiteurs américains
fraîchement débarqués à Bruxelles
et qui passaient à la maison

et moi j'adorais ça
leur dire quelques mots
en anglais

comment je suis allée acheter
à dix ans
mon tout premier 45 tours
en vélo
sans rien dire
c'était YMCA

je ne comprenais rien à leur texte
évidemment
mais en rentrant de l'école
je mettais le disque à fond
sur le tourne-disque
de mon frère
dans le salon
j'adorais ça

alors
j'ai eu du mal
parfois
à prendre mes profs
d'anglais au sérieux
vraiment

certains ne savaient pas parler l'anglais

et puis quelques voyages plus tard
quelques fonds de jeans usés
sur les bancs
de l'unif

je me suis
moi-même
retrouvée
prof d'anglais

jamais
dans mon parcours
je n'ai dû étudier de grammaire
tous les profs que j'ai rencontrés
ont laissé couler
les notions en moi
sans trop les matraquer
et je les en remercie infiniment

même à l'unif
on n'a pas eu cours de grammaire anglaise
le prof était un peu pompette
et c'était gai

et on faisait semblant d'être au point
et en fait j'ai pu
tout du long
garder cette relation intuitive à l'anglais

me familiariser avec l'accent du Mid West
et l'employer
quand il me vient

et ce que j'aime le plus
c'est la série de profs involontaires
qui m'ont appris à penser
ils s'appellent Scarabées, 
Orchestre de la Lumière Electrique
ou Elton Jean

ceux-là m'ont accompagnée
dans les moindres recoins
de mes lèvres
pour m'enchanter
et me donner à goûter
la prononciation douce
à mon coeur
émerveillé

pour moi
parler cette langue est un plaisir
physique
et gustatif

et c'est
en anglais
que j'ai découvert
le mot
cinnamon
et goûté
la cannelle
que je méconnaissais
avant

donc
je te remercie école
de n'avoir pas cassé
mon amour pour l'anglais

d'abord
ne pas nuire

tu connais
quelquefois

tu respectes
ce qui est




Maman



tu vas encore écrire
sur le mystère d'être une maman ?

oui
 je souris

ce matin
j'ai reçu
deux toiles

une jolie carte
pailletée
avec un papillon
et un livre de recettes du monde

me voilà comblée

c'est la fête
des mères
dans plein d'endroits
aujourd'hui

Thursday, May 07, 2015

Ne




dis
jamais
que ce que tu fais
est

petit




Les didascalies

de mon âme

ragent
pourquoi ?


les voici

tu as les yeux verts
tu fais ce qu'on te dit
tu es tellement gentille
à l'extérieur
toujours
tu souris

tu ouvres les yeux
tu deviens consciente

alors tu fais
ce que t'a transmis
un maître ès humour et philosophie
avec qui tu as passé
vingt ans de ta vie

tu prends la porte
et
un air détaché

tu t'es affranchie
de lui aussi

et tu bats des ailes
un peu plus loin

un papillon
n'est pas une machine de guerre
un papillon
est léger
il est fait pour apparaître
au bon endroit
au bon moment
d'un air léger

personne ne peut t'épingler
dans sa collection
de papillons
crevés

tu es vivante
parmi ceux qui vivent
tu es rescapée

tu es allée
très profondément
chercher une clé

qui ouvre
le labyrinthe
cacophonie mentale
solitude écrasante
illusoire
qui n'a qu'un temps

tu es saine
tu es sauve
vive
oui

et
tu épingles
les sots
qui croient
te déboulonner


et tu leur dis
très sincère

tu sais
un ami m'a dit que j'étais très sincère
et que je ne me rendais pas toujours compte
quand la personne en face de moi ne l'est pas

et tu perces à jour
le glauque

celui qui voulait
te prendre
comme on prend un objet
dans une vitrine

un objet que l'on collectionne

manque de bol
pour lui
tu as lu John Fowles

vole avec qui est léger
et
ris