Thursday, June 18, 2015

Je

voudrais bien comprendre ce que j'écris. Mais je n'y arrive pas. Je transcris ce qui vient en moi, ce qui paraît ou coule fort ou doucement. Je suis dansante à l'intérieur, tout en ayant un air tellement calme. C'est la tempête au dedans, quand les mots se bousculent, que je les récupère tant bien que mal en galopant sur le papier ou le clavier. Je ne sais pas pourquoi je fais cela. Je sais que je le fais. Que c'est bon pour moi. Que cela constitue une part importante de mon équilibre interne. Ecrire. Et pourquoi pas? 

Je n'ai pas d'heure. Pas de rythme. Est-ce mal? 

Je commence à connaître mes sensations de l'intérieur. Il y a des ambiances qui m'aident évidemment. Des présences. 

D'autres ont sur moi un effet tout contraire.

Lâcher prise : j'apprends. 
Me faire confiance : j'apprends aussi.

Je suis en apprentissage permanent de moi-même, de la vie, de la mort, bref du changement.

Et je vais mieux lorsque j'écris. Point. C'est ainsi. 
Et donc, j'écrirai. Ce sera. C'est. Ce fut. Qu'il en soit ainsi. 

Je n'ai pas besoin de comprendre tout ce que j'écris. C'est au-dessus des forces que j'ai. Je suis là pour écrire. Débrouillez-vous avec ce qu'il en reste, ce qu'il en ressort. 

Ce n'est pas la peine de combler les vides de l'existence avec des carabistouilles en tous genres. Etre. Je suis. Est-ce suffisant?

Ah non, il faut produire!
Alors disons que je produis quelques écrits. 
Sera-ce suffisant?
Je ne le sais. 
Je sais juste que je suis celle qui écris ceci. 
Celle qui apprit à lire, à écrire pour écrire ceci.
Rien d'autre ne m'encombre, résolument.
Je suis un réceptacle habile.
Comme on fait des enfants, j'écris.
La grossesse est lente ou rapide : je ne la contrôle pas.
Je vis et je vois: oh ! Ceci est sorti. J'ignorais que ce fût le moment !

Je me souviens de cette naissance troublante, celle de mon septième enfant - une petite fille, mon plus gros bébé. Eh bien, je ne sais pas comment j'ai fait. Je fus tellement calme tout le temps du travail. Je m'étais entraînée à l'auto-hypnose pendant les mois qui avaient précédé la naissance. Je découvris la force de l'auto-suggestion. Pour ensuite comprendre que nous la pratiquons tout le temps. Le risque, en traversant un événement tel que cette naissance, qui n'eut pas lieu dans la pièce de la maison dans laquelle j'étais persuadée qu'elle se déroulerait, c'est de comprendre que nous sommes tout-puissants.

Lorsque je m'exerçais peu avant la naissance, que je fus en travail, à plusieurs reprises, puis je jour j, je fis dérouler dans ma conscience un mantra que je m'étais créé. Il était composé des prénoms de mes six enfants déjà nés. Je m'autocensurai ; je créai mes pensées. Et j'eus ce que je voulais : une naissance paisible, loin des peurs qui déchirent et font que vous vous débattez en hurlant. Sans médicament. Non. Il n'y eut pas de désespoir en moi cette fois-là, chose exceptionnelle. Je ne hurlai pas. Je ne jurai pas. Je fus moi, au-dessus des vagues torrentielles qui déferlaient en moi. J'étais moi et j'étais au dehors de moi, dans cet espace intemporel que l'on dénomme pénombre. Oui, j'étais la pénombre, le calme qui fait place à la tempête et ne s'efface pas. Ce qui est lorsque tout passe. Ce qui est ou restera. 

Le mantra fait le vide des pensées. Par contre, lorsque j'écris, il en est tout autrement. Je ne sais pas comment je fais. C'est un processus en moi. Je respire. J'écoute. Tout se déroule en moi. Le raisonnement est écrit déjà, on dirait. Je suis un scribe. Je suis moi. J'écris les mots en moi. De quelle partie de moi viennent-ils? C'est très difficile à déterminer, tant je ne sais jamais vraiment à l'avance de quoi je vais parler. Je ne sais pas du tout. C'est comme ça. Puis ça vient. Je chope le truc. Je prends. J'écris. Et puis voilà. Comme aujourd'hui. J'avais prévu du temps, un espace pour ça. Je me suis rendue dans un lieu où j'aime écrire. Beaucoup. Depuis peu,mon smartphone a lâché et je ne le remplace pas. Je garde la maîtrise de cet espace en moi que l'on nomme "ma tête". J'ai toute ma tête à moi. Et ce matin, alors que je souhaitais prendre un thé à la terrasse d'un café, j'ai simplement payé sans consommer, m'avouant vaincue : à la radio passaient les informations. Le son était réglé haut. J'ai cru que j'allais péter les plombs. J'ai réglé et ai quitté ce lieu où je ne pouvais m'entendre penser.  Et donc j'écris comme ça, à l'aventure. Sans me soucier de rien. C'est quand je me soucie que cela ne va pas. Quand je me bloque, rien ne va. Et quand j'ouvre la fenêtre d'entrée de l'écriture en moi, alors je respire. De l'air entre. De la plénitude. Quelque chose vient de moi. D'une autre partie de moi.

écrit le 16 juin 2015

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