Monday, April 30, 2007
nourriture
qui me nourrit
tandis que je nourris
mes enfants?
qui s'occupe de moi
depuis tout ce temps
passé auprès d'eux
à couver mes poussins?
qui me regarde avec bienveillance
et ne pointe jamais
jamais
jamais
ce qui n'est pas net
ce qui n'est pas fait?
qui m'aime
et me supporte
moi qui ai tant de mal
à me trouver aimable?
me rend belle
- ou presque -
me fait rire
- souvent -
et m'apprend la beauté
qui se cache chez les gens?
qui perçoit les failles d'autrui
sans jamais s'engoufrer dedans
mais qui pose dessus
un regard bon et doux?
qui me donne la force
pour que je
les porte
les embrasse
et réponde
OUI
tant que je peux
afin qu'ils puissent
- si possible -
se sentir acceptés
profondément
force
soutien
que je trouve
auprès de toi
fatigue
fatigue
fatigue
vent frais
et si l'essentiel
le plus gros
le soutien
c'était hier
et s'ils étaient
construits
nos petits?
et si déjà
nous avions
un peu
réussi
à ce qu'ils
s'apprennent
des trucs
les uns aux autres
à ce qu'ils
s'aiment
les uns les autres
une sorte de tribu?
tant de besoins
instants
pressés
tant de petits
tant de moments
où
j'ai attendu
remis à plus tard
la couleur
la demande
de mon enfant
je l'ai faite mienne
passionnément
je serai
continuellement
entre parenthèses
enfants
sans être hors de la vie
pour autant
mais bien baignée dedans
disons que
je pourrai
peut-être (?)
souffler un peu
maintenant
afin qu'ils me portent
de temps en temps
?
et soudain
oui
- surprenant -
à cette idée
je me sens légère
la journée fut bien ronde
pleine
variée comme la terre
juteuse comme une orange
nous nous nourrissons tous
les uns des autres
à présent
Saturday, April 14, 2007
attention...
je vais te faire un enfant
euh
un post sur mon blog
un poème
quelque chose
qui sort
de moi
en respirant
un peu de couleur
ça m'arrive aussi
bref
un truc
qui sourit
si tu n'y prends garde
si tu me fais rire
si tu continues
avec tes jeux de mots
ton sourire
ça risque de sortir
Thursday, April 12, 2007
Flash forward
aux cheveux blancs
Il nous reçoit
elles et moi
comme il se doit
petits gâteaux
café
crème
Nous sommes en Allemagne
Si proches de la maison
C'est incroyable
Comme le paysage ressemble
A celui d'ici
Moins d'une heure de route
Vers un monde
si proche
Vers un monde
qui a tourné bien des pages
dans la thérapie
des hanches des enfants
Je me suis préparée à traduire
et
- surprise -
ce ne sont pas des mots
que je traduis
les notions
par chez-nous
sont déjà vieilles ici
Les traitements ont évolué
Les postures
Pas toujours les mots
en eux-mêmes
Mais on leur fait dire
d'autres choses
désormais
Toute sa vie
Ce monsieur a écrit
proposé des articles
publiés
ou refusés
souvent refusés
Un livre
qui ici m'amène
publicité sabotée
jalousies de collègues
livre précieux
qui au pilon
s'en est allé!
Il n'en garde pas de rancoeur
Certaines choses ont évolué
Dans l'espace où l'on parle l'allemand
Ah! barrières des langues!
Et nous devisons
de sa pratique
ses découvertes
Devant une photo
de portage
sur laquelle
nous désirons
son opinion
je lui dis
"c'est un de mes fils"
Ah?
Me répond-il
Attentif
Pour nous rendre compte
que nous avons
le même
(grand)
nombre d'enfants
un fils de plus de mon côté
et du sien une fille
Il est attentif
Bizarre
comme une rencontre
peut nous projeter
en avant
Accueillies dans
une grande maison
sise dans une prairie
Une maison
aux murs
pleins de photos d'enfants
de dessins
de vivant
Une maison
apaisée
qui
certains jours
doit connaître
grande animation
Il continue
de nous parler
cas cliniques
études
confirmation
changement de pratiques
C'est comme un flash forward
cette visite
Moi qui ai quelques cheveux blancs
qui vois mes grands
devenir
de plus en plus grands
Et cette petite
être
peut-être bien
notre dernière petite
faite à la maison
Qu'il fait bon deviser
avec des personnes
qui fondamentalement
aiment les enfants
Et qui vous accueillent
en toute décontraction
pour des discussions
sérieuses
autour des enfants
et avec une enfant
gambadant
(Et je suis bien contente
que l'étudiante
et son mémoire
qui m'amènent ici
ne parle pas l'allemand
et que j'aie dû plonger
dans le sujet
en immersion
tout simplement)
Wednesday, April 11, 2007
Bon anniversaire
à deux mètres
de l'endroit
qui t'a vu naître
me voici
pour te souhaiter
12 autres années
pleines
qui roulent
et qui s'envolent
que tu ne vas pas
pouvoir
garder pour toi
mais qui
comme
tes longs cheveux
qui suivent le vent
feront
que tu es bien vivant
matière à réponse
au sol
assise
dans l'eau
ou encore
debout
lorsque ton petit corps
s'en va du mien
et que
le mien
tressaille
la réponse
du support
auquel
je confie ce moment
est tout
à peine libérée
des postures
et d'un environnement
formatés
pour vivre
notre séparation
d'amour
j'ai erré
erré
quelques années
dans le no-man's land
moelleux
des canapés et autres
lits immenses
qui ne m'offrent
pas de réponse
lorsque mon corps
contenant ton corps
se tend
se tord
et se distend
lorsqu'il appelle
en moi
et pour toi
et pour moi
une sérénité
que je n'ai pas
je ne peux
la puiser
dans les ressorts
aléatoires
qui me séparent
du sol
miracle
les pieds au sol
il y a cet instant
où
mes jambes
peuvent
jouer leur rôle
me suspendre
en l'air
et te laisser
descendre
et s'ouvre
tel un OUI
mon corps
pour que tu vives
sans me perdre
moi-même
sans me déchirer
sans nier
qui je suis
et sans te détester
dans la colère
sans refuser de vivre
pleinement ce moment
enveloppée du OUI
que m'a dit
un matin de novembre
une femme sage
qui sait
ce qu'ancrage dans le sol
veut dire
ce OUI
me fut offert
par une femme
une mère
et
je l'ai pris
pour moi
oui
pour une fois,
un oui
quelqu'une
me connaissait
faisait signe
me prenait
dans ce moment-là
où je me révoltais
de ne pouvoir
lâcher prise
j'avais faim
d'être prise
regardée en OUI
et lâchée
d'un OUI
OUI
qui me disait
qu'elle m'entendait
me souhaitait
bonne naissance
ma vie
ce jour-là
a tourné
a compté
plus de vie
moins de survie -malaise
un peu plus d'action pour
et moins contre
désormais
elle m'avait dit OUI
et le sol
lui aussi
répondait
Tuesday, April 03, 2007
Prends ton temps
prends ton temps
bébé
ma petite fille
prends ton temps
bébé
mon petit gars
je ne sais pas
ce que tu es
seras
tu es là
c'est assez pour moi
vois
je ne suis pas seule
à t'attendre
écoute
tous ensemble
depuis des semaines
nous le savons:tu peux naître
à toute heure
du jour ou
de la nuit
au coeur de ce mois
chaud
au coeur cet été
on est tous là pour toi
pas d'horaire de fous
à courir tout partout
c'est ton été à toi
au temps mou
élastique
ton papa
près de nous
qui s'occupe de tout
ton grand frère en bas
commence à s'y connaître
en glaçons parfumés
au thé et au jus que j'aime
quand tu me lances
une alerte (pas si fausse que ça)
je me glisse dans l'eau
ils m'apportent des glaçons
un plaisir raffiné
pied de nez aux douleurs
qui sont là pour m'aider
à te laisser
t'en aller de moi
un autre grand frère à toi
me masse
la tête, les épaules
les pieds et les jambes
ta grande soeur
est là
assise près de moi
simplement
et lorsque nous sommes
en silence
dans la salle de bains
nous n'avons pas besoin de mots
je suis heureuse qu'elle puisse
apprendre cela de cette façon-là
le temps passe lentement
en t'attendant
tous ensemble
toi
sens-tu le rythme de leurs pas?
tes trois petits grands frères
font la nouba
près de moi
au son de la musique
que j'aime
dans la pénombre de la salle de bains
salle de naissance-discothèque
snack bar
où bientôt
tu atterriras
(mais cela
je l'ignore lorsque je t'attends
n'ayant pas décidé
formellement
à l'avance
à quel endroit de la maison
tu débarquerais
ensuite, oui
tu as choisi
sans ôter ton chapeau
te voilà
mon bébé de la baignoire
après un bébé du salon
deux bébés de mon lit
et un né au sol, dans ma chambre)
prends ton temps
mon petit
ma petite
qui n'en finis pas
d'attendre pour s'annoncer
au creux de cet été
avant que tout ceci ne s'éparpille
que le temps ne reprenne
sa course
trop rapide
tu m'as fait entrevoir
en venant en cette saison
ce que peut être la vie en famille
tout simplement
la vie où l'on fait plein de choses
en famille, tout simplement
l'horizon avec toi s'est élargi
cet été-là