Sunday, August 31, 2008

1st september crisis

minuit
l'heure du repos?

taille crayons, gommes, sacs à dos sont en place
pour les paires de chaussures, ça devrait coller
mais ce n'est pas sûr

ce qui est sûr
c'est que je me vide de mon eau
par en haut
là où je suis verte et grise à la fois
suivant la lumière

faut-il conduire ce petit
en collectivité
pour qu'il y apprenne
une vie
en grand nombre
au pas cadencé?

je suis déchirée

Wednesday, August 13, 2008

une porte étroite

L'enfant passe
par une porte
étroite

à sa naissance


elle est étroite
la porte
étrange

non pas celle de chair
que lui offre sa mère

mais celle
plus subtile encore
de la confiance

que ses parents
vont
ou ne vont pas
lui faire

au moment de sa naissance

et pour la suite


car il est bien lourd de faire sentir
à son enfant
qu'il doit d'abord mériter cette confiance
et que demain
peut-être
on la lui fera

demain
c'est quand demain?

demain n'arrive jamais
des fois

malentendu
immonde
qui veut
que l'enfant
croie
que c'est sa faute
à lui
si on ne lui
fait pas confiance

si on ne tient pas compte
de son ressenti
tout en lui déclarant
haut et fort
le contraire

lavage de cerveau
permanent
récurent
incessant
à se taper la tête au mur
plus d'une fois

Wednesday, August 06, 2008

attachement

Reçu de Mimi:

Deux personnes avaient adopté un lionceau.
Ils n'ont pu le garder, vu sa taille, et l'ont ramené, une fois adulte,
en Afrique,

afin qu'il y vive une vraie vie de lion.

Ils y sont retournés un an après l'avoir laissé.

On leur avait dit que le lion ne les reconnaîtrait pas....

http://www.cyberthing.net/video-play.php?id=105

Sunday, August 03, 2008

molécule

à quoi ça tient?


à la lecture d'un roman d'Alexandre Jardin
à un changement de médoc qui a subitement rendu son énergie à mon homme
au retour de mes petits-grands de leurs camps dans la verdure
à une rencontre plaisante qui a égayé mon après-midi

à un air de frais dont se pare notre maison
à ma résolution de ne jamais cesser de bousculer la vie
à ma non-demande à mes enfants de s'encombrer d'une responsabilité quant à mon bonheur

à mes changements d'humeur répétitifs
mes hauts
mes bas
et à l'homme qui supporte et apprécie cela - selon les moments - depuis presque 20 ans

à ma rage lorsque l'on me dit que l'on me connait et que l'on se conduit en mort vis-à-vis de moi
que l'on me considère malade
alors que je couve un petit, simplement
que l'on s'enquiert de ma santé
comme si je me résumais à un corps en banqueroute, détraqué, épuisé
comme si l'on n'attendait que ma chute, inéluctable, tant mon chemin déçoit ceux qui attendent je ne sais quoi de moi, depuis tant de temps, de façon, ma foi, touchante de naïveté

comme la petite princesse de Tony Ross,
je ne veux pas être gentille, affectueuse, propre, courageuse, bonne nageuse, intelligente et en bonne santé
je veus être grande
et je le suis déjà
semble-t-il

n'ayons crainte de bousculer gaiement ceux qui nous supplient tacitement depuis quarante années de surtout les ménager, car ils vont mourir bientôt, disent-ils
si c'était pour me demander de poser sans bouger pour des photos convenues, figées,
pourquoi m'avoir tant voulue?
pourquoi encore tenter de me déterminer?

je n'ai pas voulu ce bébé qui arrive avec ma tête
et pourtant, je l'accueille presque chaque jour avec joie
petit invité surprise trouvera sa place à notre table,
on se poussera un peu
j'invente déjà des projets pour lui et moi, pour lui et nous
il est bien là, il nage en paix

une femme sage m'a demandé l'autre jour, alors que je la consultais, comment je me sentais
surprise, je me suis sentie regardée comme une personne et non comme un gros bide
dans tous les sens du terme

alors
elle me toucha le ventre
avec des mains chauffées d'une huile
doucement odorante

après m'en avoir demandé
avec vérité
l'autorisation


dans une douceur qui m'était
jusqu'alors inconnue
dans des mains aguerries
à la discipline médicale

le chemin jusqu'à son petit bureau de consultation
là-bas
dans la campagne
fut bien tortueux, ma foi
bien long en temps
en étapes


pour aboutir
à une rencontre simple

je passai
tant d'années
à ramasser
un à un
des cailloux

telle un petit poucet
largué dans une jungle
parce qu'il faut savoir se battre dans la vie

j'avais eu beau
vouloir fermer mes oreilles
oui, surtout, absolument, les fermer
au secours...
à la philosophie
du darwinisme paternel
qui croyait que quelques mots
régulièrement répétés à mes oreilles

allaient me faire touver des solutions
concrètes
moi, élevée en chambre à la froide mamelle des Gaffiot, Larousse et autres Langenscheidt
pâles représentants de ce qu'ils sont sensés vous donner à goûter
comme le son d'une cloche fait saliver des chiens
conditionnés à associer
tintement et morceau de viande
oui, j'avais le tintement
je n'avais pas la viande
heureusement qu'un jour, elle m'a trouvée,
pleine de synapses
de neurotransmetteurs
d'hormones
et de chaleur

moi
prête à jouer ma huitième et ultime représentation de
"la baleine"
mon metteur en scène désirant changer
non de distribution
mais de dramaturgie

prête à lancer encore quelques années
de jets
si plaisants à laisser s'écouler

prête encore à servir de perchoir,
de jambes
pour un tout-petit
qu'il se sente grand

et même disponible
si des petits enfants
un jour
veulent user de mes jambes pour marcher
gaiement
de mes genoux
pour sauter en l'air
ou s'arrondir
doucement

à quoi ça tient?