Monday, April 10, 2006

Lieber Valentin

Lieber Geliebter !

Weinend nehme ich den Federhalter in meine Hände und schreibe Dir.

Warum hast Du so lange nicht geschrieben, wo Du doch neulich geschrieben hast, dass Du mir schreibst, wenn ich Dir nicht schreibe.

Mein Vater hat mir gestern auch geschrieben.

Er schreibt, dass er Dir geschrieben hätte. Du hast mir aber kein Wort davon geschrieben, dass er Dir geschrieben hat.

Ich schließe mein Schreiben und hoffe, dass Du mir nun endlich einmal schreibst, sonst ist dies mein letztes Schreiben, welches ich Dir geschrieben habe.

Verzeih mir die schlechte Schrift. Ich bekomme immer den Schreibkrampf vom Schreiben.

Du bekommst natürlich nie den Schreibkrampf, weil Du nie schreibst.

Gruß und Kuss,

Deine N.N.
(Karl Valentin)



Tandis que je répétais encore et encore ce monologue devant lui,
ton père cherchait de nouvelles excuses pour me faire recommencer.
Cela me rassurait. Je n'avais encore jamais joué.

J'ignorais que par Karl Valentin,
j'allais rencontrer un homme
plus soucieux de l'il-y-a-ité de ce qu'Il y a
que de quoi que ce soit d'autre.
J'ignorais que ce Monsieur,
qui chantait "le déserteur" à tue-tête
tout en effectuant ses corvées
pendant son service
dans la police militaire,
qui passa autant d'années
dans autant de facultés,
j'ignorais que ce Monsieur
serait si peu avare de ses Enfants.

J'allais être ravie!

J'ignorais - mais lui savait -
que les mots sont bien peu de choses.
Ou c'est peut-être qu'il s'en méfie.

En a-t-il peur, des mots,
pour qu'il en dise tant sans jamais se livrer?

A la maternité - car tu es né dans une maternité! -
où il grilla nerveusement quelques cigarettes
en compagnie d'un ami comédien qui passait par là,
avant de se retrouver, à mes côtés,
manquant de s'évanouir, mais me soutenant,
lui, Homme, tentant de remplacer
auprès de moi
la Communauté des Femmes
qui m'avait laissée partir accoucher
comme on part se faire voler
la plus belle partie de soi-même.

Pendant notre séjour dans une chambre
ouverte aux quatre vents,
où mes hormones
et des informations bizarres sur ta santé
eurent tôt fait d'entraîner le ravage
de mes pauvres yeux de maman...
il te lisait Hegel quand, entre deux tétées,
il m'arrivait de te poser
dans un petit lit de plexy
dont l'utilisation que j'en faisais
déjà, l'âme me fendait.

Il a trop de respect pour l'autre
pour se prendre au sérieux
et tâche, en tout temps,
de faire des acrobaties
qui font l'autre sourire.


Déjà, tu lui ressembles, Valentin.

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