Sunday, April 04, 2010

que

Julian Freud me pardonne
je n'ai pas vu son expo
la file était tellement longue
que j'ai choisi
simplement
de marcher

marcher tout droit
ou en tournant
marcher
durant des kilomètres
sans plan
sans intention
sans rien chercher d'autre
que le plaisir
d'avancer
sous le soleil d'avril
qui éclairait les façades
les monuments
mieux que ne l'aurait fait
n'importe quel technicien
de la lumière

j'ai juste voulu avancer
je n'avais même pas
la tête trop pleine
à bien vider
je n'avais rien
d'autre
que cette envie de marcher
marcher très loin
sans rien chercher

ma fille sur la hanche
qui tétait
qui dormait
s'agrippait
se nichait
la tête doucement lovée
au creux de mon bras gauche
mon bébé de côté

j'ai vu
sur mon passage
des panneaux
qui indiquaient
des musées
c'était presque tentant
d'aller voir
si
là-bas
il n'y avait pas de file insurmontable
si j'aurais pu entrer
mais je me suis dit
non
j'ai vu tant de toiles
hier
tant de choses
plein la vue
que là
j'ai besoin d'air
de l'air
rien que de l'air
maintenant

alors
j'ai poursuivi
ma route

j'ai tâtonné
en regardant
un tout petit
plan
du métro
que j'ai

j'ai rectifié la direction
générale
de mes pas
afin d'aboutir
en fin de journée
si possible
du côté de Paris
où j'allais m'endormir

j'ai fait une halte
rue de Rivoli
une terrasse
me tendait les bras
ma fille dormait
Jardin m'attendait
alors
j'ai bu
une dizaine de page
plus un thé
(pas donné, le thé ! autant le savourer !)
puis
suis repartie

encore
encore
encore

parfois
cela montait
parfois
cela descendait
parfois c'était tout plat

une affiche au détour d'un Boulevard
m'a fait penser
à Arno
et aux yeux de sa mère
yeux de sa mère
à lui
à sa voix
à tout ça...

j'ai échoué dans une gare
je n'en pouvais plus
mes pieds
malgré
mes chaussures allemandes
commençaient à crier
à l'aide

alors
j'ai terminé ma course
folle
avec
une bonne dizaine
de stations de métro

ma fille s'est réveillée
nous sommes rentrées

que c'est bon
d'atterrir

quelque part
n'importe où
guidée par je ne sais quoi
qui me fait
avancer
comme cela

que j'aille bien
ou mal

ce besoin de marcher
me mange

ça va
de pire
en pire

et je ne crois pas
que ce soit très grave

juste
un changement
de route
c'est tout

8 comments:

Cécile said...

Marche un peu vers le sud, on va peut-être se croiser !!

Ingrid van den Peereboom said...

Possible, oui.
Je reviens bientôt, tu sais... ;-)

Cécile said...

alors prends bien ta boussole !!! ;)

Ingrid van den Peereboom said...

hahaha Je viens de retrouver la boussole de mon grand papa, justement. Me voilà équipée ... Colchique, attends-moi !

Cécile said...

Ton jour, ton heure...

Ingrid van den Peereboom said...

fin mai, ça te va?

Cécile said...

perfect !!

Ingrid van den Peereboom said...

;-))))